20 ans de quattro à Ingolstadt

quattro 1980 – 2005

Jour 1 – Ingolstadt, le grand jour… (Patrick)

Autant vous dire que la nuit de mercredi à jeudi fut courte et agitée. Le coffre des audis est enfin chargé, bagages, mais aussi trousses à outils ou encore éponge, seau et peau de chamois pour les plus maniaques d’entre nous. Rendez-vous compte : nous partons de bonne heure en Bavière, le jeudi 4 août, invité par le Audi Club International à participer à 3 jours de festivités organisés à l’occasion des 25 ans de la quattro. C’est donc enfin le grand jour! Nous l’attendions depuis des mois.

Le rendez-vous des 15 courageux participants qui devaient se lever tôt (nous allons les plaindre…) est fixé à Barchon, sur l’autoroute Liège – Aix-la-Chapelle, à 9h30. Tout le monde est à l’heure, bizarre ça, car à la précédente sortie… Et personne n’a crié à son réveil qu’il était maudit. Ça change du quotidien! On ne peut s’empêcher, comme à notre habitude, de déambuler autour des voitures tout en discutant des anneaux, malgré les 650 km encore à parcourir pour rejoindre Ingolstadt.

Allez, il est 10h00, c’est parti. Les 5 cylindres de nos quattros se font entendre avec enthousiasme, et nous voilà alignés en convoi en direction de l’Allemagne : 2 coupés quattro, 3 urquattro, et un 100 CS quattro. Vendredi viendront nous rejoindre sur place 2 autres urquattro.

Sur la route, quelques rencontres heureuses se présentent à nous et nous sommes fous de joie de pouvoir dépasser lentement, tout en arborant un grand sourire de complicité, quelques Audi du club hollandais. Les voitures sont décorées aux couleurs des 25 ans de la quattro. Pas de doute, nous nous retrouverons très bientôt à Ingolstadt. C’est déjà du bonheur de croiser ces quelques vieilles Audi et nous ignorons encore que ce sera durant 3 jours notre quotidien, à la puissance 100.

Le principe de ces 3 jours est simple. Tous ceux qui se sont inscrits au début de l’année avec une audi quattro auprès de l’ACI ont droit à participer activement aux diverses activités et commémorations de la marque aux anneaux, sans restriction. Nous avons donc tous pris une quattro pour la route, c’est plus sur… Une route somme toute assez fluide à l’aller, avec quelques ralentissements dus aux heures de pointes à hauteur des grosses agglomérations, ou encore en raison des célèbres et nombreux travaux des autoroutes allemandes.

Le convoi se défait régulièrement mais ne tarde jamais à se reconstituer bien vite lors du miamiam de midi ou du plein d’essence. Quelques tronçons donneront l’envie à certains de faire respirer la mécanique à plein régime en prenant un peu d’avance. Mais la quattro n’aime pas la solitude et bien vite ralentit la cadence pour se retrouver en famille.

Ils n’est pas rare de constater que certaines voitures ralentissent franchement à hauteur de notre convoi, pour le regarder avec intérêt, avant de nous dépasser en souriant. Notre présence sur l’autoroute réveille quelques vieux souvenirs… ou des envies de voyeurisme justifiées.

Imaginez notre fierté, et nous pensons surtout à la voiture d’André qui a eu un succès mérité, car décorées aux couleurs des rallyes de l’époque, lorsque nous nous sommes fait dévisager d’envie par des bolides qui dépassaient. Et rappelez-vous cette charmante dame, au volant de son A6 Allroad, qui nous encourageait avec des signes très animés de la main et de repartir de plus belle, à quelques kilomètres seulement de notre destination du jour.

Du bonheur on vous dit !!!!

Voyons voir, sortie 63, au sud de la ville, qu’il a dit le ViaMichelin sur internet. Bon, allez alors, clignotant à droite, on sort de l’autoroute. C’est que nous avons pris l’option de loger en pension de famille, chez l’habitant, un peu en dehors d’Ingolstadt, jolie petite ville à l’entrée de la Bavière, ville toute propre, respirant bon les anneaux et les parcs verdoyants qui l’encerclent. Un petit quartier résidentiel et discret, rien de tel pour nos quattros, qui auront même droit à un parking couvert. La pension de famille est à la hauteur de nos espérances : accueil chaleureux, chambres modernes, propres et calmes. Çà commence très très bien. On décharge nos Audi, une petite douche et hop, en avant toute vers le centre de la ville pour un petit repas du soir que les ventres creux réclament en coeur.

Bon, le grec que nous avions visité en décembre est ouvert. C’est un bon choix, copieux, et en plus, le serveur de l’autre fois est à nouveau de service. Il va à nouveau nous amuser avec ses Ouzos en rafale.

Malgré la fatigue de la route, notre Fa liégeois trouve encore toute l’énergie nécessaire pour nous resservir avec grand bonheur (on ne s’en lassera jamais) non pas du mezzé mais bien l’épisode de sa Urq volante, à hauteur de l’autoroute de Verviers. Rires bruyants et contagieux dans la salle. The audience is listening.

Bon, demain, le programme commence à 10h00 du matin sur la piazza du Mobile Museum. Il est temps de penser au retour… surtout que nous arriverons, malgré la simplicité du trajet, à nous perdre pour rejoindre notre pension de famille. Bonne nuit à tous… extinction des feux.

Jour 2 – Ingolstadt, mon amour… (Fage)

La nuit fût rude. D’une part, le plantureux repas de la veille est toujours bien sur mon estomac au moment du lever, d’autre part, Jacques, cinéphile passionné, s’est évertué à reconstituer, avec ma contribution bien involontaire, la scène du ronfleur de La Grande Vadrouille, sur moi, pauvre dormeur. Du coup, au lever, il a l’air tout pâle, voir même légèrement fatigué… Nous nous mettons d’accord avec Joël pour organiser une grande soirée échangiste entre dormeurs-ronfleurs, ça va scier du bois au 21 ce soir !

Après ces quelques diversions matinales, nous testons la table de déjeuner de Madame Anna. Nous nous y retrouvons tous petit à petit, de la même manière, nous nous retrouverons un à un sur le parking pour rafraîchir nos montures… quelques insectes sournois s’y sont écrasés malgré l’allure sénatoriale de notre déplacement en Teutonie… Sales bêtes !

L’heure s’obstine à ne pas avancer, je commence à devenir intenable, et le groupe finit par céder. Nous nous mettons en route pour l’esplanade Audi !

Je suis nerveux comme un gamin qui rentre à l’école pour la première fois, nous croisons quelques quattro sur la route et même une Munga fumant autant qu’une loco vapeur, après quelques kilomètres sur la ceinture de la ville. Nous voilà au pied du musée, il y a déjà du monde et nous sommes pourtant bien en avance. Génial, j’adore ça et en plus nous accédons tous au parvis, berlines, coupés et UR, si c’est quattro c’est bon, et c’est bien comme ça. Les voitures une fois garées sous les injonctions de l’équipe organisatrice, nous nous rassemblons en arborant tous un sourire de béatitude. Il est difficile de ce concentrer, l’évènement tant attendu est arrivé et nous allons faire partie des privilégiés qui vont le vivre de l’intérieur. C’est fou, impossible de se calmer, les quattro arrivent les unes après les autres, il est extrêmement perturbant d’en voir autant en une fois, c’est entre le paradis et l’abstraction la plus totale et pourtant nous sommes bien sur terre.

Après une première série de photos, nous passons par la case « inscription à l’évènement », nous prenons le poster souvenir, recevons le pass qui ouvre les portes (image) un sac avec le géco quattro, quelques fascicules, un DVD, un géco en métal, un pin’s, etc… et buvons l’apéro offert par de délicieuses hôtesses, euh, je voulais dire le délicieux apéro… Nous réservons également notre visite de l’usine qui est au programme de la journée avec celle du musée.

C’est un véritable enfer tant de bonheur, on ne sait plus où donner de la tête, on a tout le temps l’impression que nous n’aurons pas assez de temps pour voir toutes les voitures et les gens que nous nous sommes promis de rencontrer… après avoir photographié les cabrios Treser sous tous les angles, fait dix fois le tour de l’ex quattro de Walter Röhrl, pris 100 photos de quattro à la fois si semblables et si différentes… A TABLE !!!!! Avant la visite de l’usine, sinon ça va nous faire tard cette histoire… Le resto du musée est pas mal du tout, on y trouve pas tant de bonnes choses pour tous les goûts… On y retournera 😉

La visite de l’usine commence enfin pour nous, avec un peu de retard mais alors que les autres groupes sont guidés par de grands germains, nous héritons d’une petite blonde souriante et sympa, en plus, elle connaît bien son histoire et son anglais, ce qui est quand même le principal. Malheureusement la partie assemblage de l’A4 est en modifications et la chaîne ne tourne pas, snif, par contre la ligne de la new A3 est elle bien opérationnelle, mais vous n’en verrez rien, il semble que cela doive rester secret, bon ça paraît un peu bébète, mais c’est leur choix et nous le respectons, n’est-ce pas « X » … qui fut repris par la petite Miss blonde et dut supprimer la discrète petite photo que nous pensions revendre à pris d’or chez Peugeot-Renault… raté ! Tout cela est assez impressionnant, la machine a le beau rôle et l’homme est réduit à quelques opérations simples ou du moins il garde un rôle là où le robot n’a pas encore su le supplanter… il n’y a certainement pas besoin d’une formation fort pointue en mécanique pour travailler sur ce genre de ligne… Charlie Chaplin, les temps modernes en vrai sans le côté ridicule… ça reste un balais extrêmement bien organisé et très esthétique. La visite finie, nous déposons nos audio-casques pour aller déguster une « grosse Bier » en terrasse… prendre encore une série de photos et nous lancer dans la visite du musée, second gros morceau de la journée. Pour ceux qui ne connaissent pas l’endroit, la partie haute du musée est souvent la même à quelques voitures près, le bas étant dans une configuration spéciale quattro pour l’occasion, une auto de l’époque américaine, RS4, l’A6 du tremplin, la Pikes Peak, un sport quattro, le châssis animé du sport quattro, la 200 Safry, un UR gris déjà vu sur quelques photos d’époque (première génération et en très bel état) et pour couronner le tout, le Iltis vainqueur du Dakar dans un état… comment dire, tout à fait dans son jus !!! C’est même étonnant d’avoir pu la garder dans un tel état aussi longtemps, c’est vraiment une pièce très particulière. De tout ça se dégageait des fragrances d’histoires, des sons, des odeurs… des petits moments de la grande histoire… trop, c’est trop, nous sortons respirer à nouveau après cette visite en apnée et le remerciement typiquement belge du club, immortalisé par votre humble graphiste, dans le livre d’or… Direction terrasse on a dit!

Le reste de l’après midi se passera en discussions et séances de photos autour des quattro. Un pur moment d’allégresse juvénile, et en plus, le soleil n’arrête pas de briller de plus bel, ce qui ne semble pas être le cas en Belgique. Les parkings en dehors de la Piazza sont également plein à craquer, que des quattro, des urq surtout, et une partie de la route devant l’usine a été fermée pour y mettre également les derniers arrivants, en urquattro eux aussi : une file à perte de vue. On a compté pas moins de 70 urquattro 20v et près de 500 voitures inscrites, çà vous dit le nombre de 10 valves présentes…

Soirée simple en sachant que le levé du lendemain sera aux aurores, resto Thaï, léger mais pas mal… En terrasse, dans les petites rues piétonnières du centre et retour à la case « silence… on ronfle ! ».

Jour 3 – Ingolstadt, un grand tour… (Jacques)

La nuit fut déjà pleine de rêves… de tellement beaux rêves que cette fois, Fage m’a permis de ne pas dormir dans le couloir. Sans ronflement, j’ai fais dodo comme un bébé et c’est de bon aloi car en me levant gentiment, je suis loin d’imaginer à quel point la journée sera chargée, émotionnante et marquante à tout jamais… et je pèse mes mots.

Vers 7h30, tout semble normal; nous sommes autour d’un bon déjeuner et servi royalement par une agréable dame vêtue de la tenue traditionnelle bavaroise, riche en dentelle.

Les convoyeurs attendent. Subitement, notre groupe s’ébranle pour arriver déjà presque par habitude sur l’esplanade de la firme Audi à 7h50 précises.

Là, nous savons déjà que nous sommes conviés à faire une balade de +/- 120 km. Ca parait tout simple mais quand on réalise que nous serons 500 à faire ce périple, on s’interroge. L’organisation a prévu justement de faire trois groupes. Une bonne moitié des « Audi Héritagiennes » fera partie du premier convoi et Andrée, Thierry, André, son épouse et moi serons du dernier.

La mise en place de tout est impressionnante: imaginez 500 voitures ainsi réunies dont 400 sont des Ur. Ca fait de l’ordre de 2500 cylindres vrombissant de leur son rogue et bien reconnaissable.

Pendant que le premier groupe s’élance, nous arpentons le parking. Les lieux nous sont déjà familiers. La toute nouvelle RS4 rangée dans la rampe du musée semble immuablement faire partie du décor. Le parking n’est bien vite plus qu’une marre de dignes Audi… mais soudain, une rangée se fait plus probante encore que les autres… et en quelques instants, on assiste à un balais bien étrange: de multiples « quattro sport » arrivent les unes après les autres. Une, deux, trois, puis quatre et ça n’en finit pas. Les yeux s’écarquillent lorsque la dixième arrive… mais ça n’arrête pas et bientôt la vingtième est déjà là. Le balai de l’esplanade se poursuit et maintenant c’est au tour des stars de rallye d’arriver. Une Ur de rallye résonne sur tous les murs, une seconde la suit. Voilà que maintenant c’est une quattro sport de rallye qui débarque puis une S1 et, ô ultime délice, la S1 Pikes Peak se range à côté des désormais +/-30 « quattro Sport » qui sont alignées.

Jamais je n’eu jamais à ce point l’impression que deux yeux pour un seul homme, c’est un peu court!

C’est clair qu’avec un tel défilé, la journée s’annonce spéciale mais pas le temps de traîner car il est l’heure de prendre le départ de notre balade.

Le même délire d’AUDI et de Ur en particulier se répète. Placés en deux rangées, nous avançons progressivement vers le point de départ. J’aperçois bien vite la ligne « start »: on commence par un « 90 » gauche et chacun est lâché à intervalle de 30 secondes, au drapeau à damiers. Déjà, je vois que tout le monde se prend au jeu et les départs ressemblent d’avantage à ceux d’une spéciale de rallye que d’une balade touristique. Bon, on ne va pas faire différent et je démarre pied au plancher. Le nombreux public est déjà ravi.

Je vous assure qu’avec ma Ur au milieu de toutes ses semblables, ce fut des moments magiques. Dans cette condition, on se sent comme appartenir à un monde à part et déjà reconnu puisque tous les curieux du bord de route nous acclament et arborent moult drapeaux marqués des quatre anneaux.

C’était absolument féerique et sincèrement, jamais je ne me suis senti aussi bien dans mon auto. J’étais en complet partage avec elle. Bon nombre me dise que j’humanise trop mes voitures mais là, c’était impossible de faire autrement. Nous étions hors du temps, reconnus par tous comme une évidence.

Oui, la quattro est une « évidence » et c’est pourquoi après 25 ans, rien ne faiblit, ni l’émotion, ni la force, ni la reconnaissance de ces perles de la route.

Au deux tiers du parcours, nous sommes invités à nous garer et maintenant, c’est un bateau qui nous attend. Nous sommes plus de 350 personnes à embarquer. Soudain, au pied du bateau, un son sourd, rogue et déterminé nous parvient: … une Ur de rallye type A2 vient sur le quai et se place exactement devant l’entrée du bateau. Une nouvelle fois, Audi nous fait les honneurs. C’est donc en caressant cet ange démoniaque que nous embarquons.

La tête dans les nuages, le corps bercé par l’eau du Altmühl, nous nous attablons pour un dîner, distrait par tant d’images et de sons qui nous déconnectent du temps présent.

Paradoxalement, ce beau voyage en bateau me semble long. C’est idiot mais ma Ur me manque et je suis ravi de la retrouver pour la dernière partie de la balade.

De retour à Ingolstadt, l’arrivée est quelque peu encombrante. En réalité, des 500 voitures inscrites pour tout le week-end, arrivent des visiteurs d’un jour. C’est ainsi que subitement, nous nous retrouvons au beau milieu de 700 à 800 voitures. J’estime alors qu’il doit y avoir sur place quelques 600 Ur. C’en est hallucinant.

Personnellement, je marche dix centimètres au-dessus du sol. C’est une sorte d’envoûtement et dire que le plus beau reste à venir…

En effet, nous sentons les gens se diriger à l’extérieur de l’esplanade et prendre la direction du nord de la ville. Une longue marche se met ainsi bizarrement en route. C’est comme un périple et là nous comprenons vu l’absence de toutes les Audi de compétitions sur le parking que nous allons les revoir mais cette fois en action!

Hé oui, ce sera la cerise sur le gâteau: voir ces légendes se remettre en route rien que pour nos yeux et autres sens.

Tout le convoi humain s’agglutine autour des barrières qui forment une large étendue rectangulaire. Les camions « Audi Sport » trônent sur la partie gauche. On distingue déjà des caméras, des hommes avec micros. L’attente se fait sentir et déjà quatre à cinq files humaines enserrent le quadrilatère dessiné et protégé de quelques ballots de pailles.

Soudain des hommes vêtus de salopette arrivent et il ne fallut guère de temps pour reconnaître les illustres Walter Rohrl (Champion du monde des Rallyes), Stig Blomqvist (champion du monde des rallyes sur Audi en 1984), Frank Biela (Champion en supertourisme), etc …

Ils sont là, peut-être pas tous mais ils sont là, ces pilotes si talentueux, ces gens qui nous ont fait vibrer, il y a 20 ans. Même Roland Gumper (Manager du team « Audi Sport ») est présent. On a peine à le reconnaître sans sa barbe et ayant troqué son tee-shirt maculé de graisse et de poussières pour un strict costume gris mais il est là et tous nous sentons ce grand moment… j’en ai déjà la chaire de poule.

Imaginez que tout cet ensemble: « pilotes, voitures, techniciens » furent et restent la crème du sport automobile et que depuis, « Quattro Gmbh » est devenue, de fabrique artisanale, le colosse que l’on connaît et que toutes marques automobiles, dignes de ce nom, envient.

Dany, membre de l’A.C.I. (Audi Club International) que nous avions rencontré fin 2004 et qui est propriétaire de la Ur type A2 « ex-Mikkola » orchestre tout ce manège.

Derrière les barrières, nous sentons tous que la communion « pilotes-autos » ne va pas tarder. Nous avons déjà nos appareils photos braqués et le festival peut commencer!

Deux mécanos s’activent et font avancer tour à tour une Ur de rallye type A2 Hollandaise (championnat de France début 80), une Ur Type A2 badgée M. Mouton mais victorieuse avec Blomqvist en Suède en 84, encore une Ur A2 badgée Bolmqvist (5ème au Montecarle 83 et victorieuse avec Mikkola au RAC en 82), et encore une autre A2 (Badgée Mikkola), une A4 du championnat BTCC (et championne), une 90 type Can-Am, la 200 Imsa de Rohrl, la V8 DTM de H. Stuck, une S1 (seconde aux 1000 lacs avec Blomqvist en 85) et l’illustre S1 Pikes Peak de Röhrl encore qui écrasa la concurrence en 1987… Oui, nous avons vu tout ça!

Brutalement comme si le temps avait totalement préservé ces joyaux, les 5 cylindres s’élancent et hurlent de force et nous de joie. En un instant, nous sommes alors transportés dans le passé et comme au bord d’une spéciale du Monte-carlo ou de Corse, nous exultons… mais le plus beau reste à venir ! (si si, c’est possible!).

C’est ainsi que de concert, Walter Rörhl s’installe dans la célèbre S1 Pikes Peak et Stig Blomqvist dans l’A2 de Mouton… Les voilà partis!

L’instant est immense, indescriptible… nos pilotes vedettes et nos voitures fétiches sont là rien que pour nous et rendent à nouveau réel et actif ce que nous nous avons précisément gardé en mémoire durant plus de 20 ans.

C’était fantastique et nous fumes littéralement « télétransportés » lorsqu’au deuxième passage, Röhrl mis la S1 sur trois roues et Blomqvist son A2 complètement de travers sur un revêtement pourtant si rugueux et accrocheur. Sincèrement et avec le recul je conçois que ça parait ridicule, mais j’en avais les larmes aux yeux.

Le public était vibrant et de plus belle lorsque la 90 et la 200 IMSA se joignirent au tableau.

J’avoue que l’apothéose, nous la dûmes à Blomqvist car pourtant sexagénaire, il en oublia de vieillir en nous gratifiant comme un « gamin » de têtes à queue incessants et formant un nuage bleu de pneus brûlés.

Fou, c’était fou… le public ne se tenait plus! Les barrières cédèrent alors et pilotes et voitures furent envahis par nous tous. C’était pire que l’arrivée des 24hrs du Mans.

Des centaines de personne envahissaient la place pour un autographe et plus rien ne fut visible. Il ne restait que le sensitif de la scène et donc cette impression bizarre d’être hors du temps, comme au firmament.

Le calme revint progressivement et tout étrangement une autre procession eut lieu: celle de ces voitures extraordinaires regagnant lentement leurs écrins, de nous formant les hordes protectrices, de nos voitures bien rangées se faisant la garde d’honneur et de l’usine et son « forum muséum » constituant le décor sublime.

Quelle magie mes amis… et je crois que celle-ci fut largement accrue par le fait que « hommes et véhicules vedettes » étaient accessibles, à portée de main… et le plus beau restait encore à venir (si si, c’est possible!).

Nous étions tous là un peu K.O. et remplis de bonheur. Un calme serein envahissait l’esplanade. C’est alors que nous fûmes conviés à table (une table de +/- 1000 personnes quand même).

On sentait là, la fin de journée mais AUDI nous réservait une surprise et sans doute la plus belle et sincère: celle de nous faire partager ce repas avec pilotes, techniciens, photographes officiels… de cette époque fabuleuse du début des années 80.

Ils étaient là au milieu de nous à partager simplement cette fin de journée grandiose.

J’avoue que je ne sais plus ce que j’ai mangé tant cela avait si peu d’importance mais par contre, je me souviens parfaitement à quel point notre groupe « Audi Héritage » était là réuni et tellement uni.

Nous sommes tous rentrés à l’hôtel sur un doux nuage et qui ne m’a pas encore quitté alors que je vous écris ces mots.

La nuit fut douce, douce….

Jour 4 – Ingolstadt, pour toujours… (Patrick)

Et voilà déjà le dernier jour qui pointe le bout de son nez. Pffff, je sens que nous allons avoir difficile. Tout d’abord, nous réalisons que ce sera notre dernier petit déjeuner avec notre petite famille, Anna, son mari, et leur belle Audi A6 nouvelle génération, un dernier coup d’œil aux magazines du petit salon en attendant les 8h00 du mat, à l’étage, près des chambres, hein Fa…, celui dans lequel notre Président avait passé une première nuit, dans un charmant petit divan. Finalement, sans le savoir, il était en excellente compagnie…notre homme. On se demande vraiment si ronflements il y a eu 🙂

Les bagages sont chargés, et nos adieux sont faits à nos hôtes qui tentent de garder une belle audi en souvenirs. Naaaaaaaaaan, on doit encore passer une matinée sur la Piazza, nous. Par contre, la Ford Mondéo, vous pouvez la garder. Bin quoi, c’est la Ford T en plus moderne tout de même, notre voiture de dépannage, avec une belle affiche vantant les 25 ans de la quattro, sur la vitre latérale. Curieux à voir, mais tout à fait envisageable. Sisi, on l’a fait.

Qu’on vous explique le programme du dimanche. Petit déjeuner avec Grosse Worstels saucisses à la cantine de la société, à partir de 10h00, qu’il est marqué sur notre pass, que nous trimballons fièrement depuis 3 jours. Je soupçonne même les plus passionnés d’entre nous d’avoir fait un gros dodo avec. Nostalgie de leur époque doudous peut-être…

Oui, ce sera le deuxième petit déjeuner de la journée, et alors ? Attention, lorsqu’on parle de cantine, disons que cela ressemble plutôt à un joli restaurant très très grand, celui de la veille d’ailleurs. Pensez-donc, plus de 30.000 personnes travaillent sur le site. Les saucisses sont bien là, version boudins blancs ou saucisses de Frankfurt. Çà flottent dans de l’eau chaude et on a le choix, on peut même colorer l’assiette d’une petite variété de moutarde. C’est assez allemand , mais çà passe plutôt bien avec leur pain aux pépites de sel. Ceux qui n’ont pas peur de faire poinçonner leur pass auront même droit à une boisson. Bien entendu, le pass, troué, dans 25 ans, sur e-bay, il ne vaudra pas plus de 1000 euros, tout au plus. Pas bien çà… 🙂 Je ne vous dis pas le prix d’un pass non poinçonné, ni le samedi, ni le dimanche, et signé sur place par les 3 grands pilotes… 🙂

Bon, revenons à des choses plus sérieuses. Nos audis, ce sont aussi de vieilles bobonnes, parfois. D’ailleurs, nous rentrerons tous en Belgique avec quelques petites manifestations de vieillesse : divers bobos plus ou moins graves…tantôt un roulement qui clame de plus en plus fort sa fin qui arrive, tantôt un embrayage sifflant ou un turbo en prépension, sans oublier le rupteur qui souhaite faire de l’excès de zèle dès 4000 tours. Mais ce n’est rien à côté de la grande frayeur que notre président s’est offerte, en pleine agglomération, à quelques mètres de la piazza, dimanche matin. Subitement, à l’approche d’un feu passé au rouge, notre Jacques constate qu’il n’a plus de frein. Plus rien, pédale au plancher, un réflexe heureux d’un coup de volant, le frein à main tiré et le peu de trafic lui permettront d’éviter notre Fa et de s’immobiliser sans dégâts.

Avec un visage en déconfiture, notre conducteur rejoint le site des festivités et bien vite, nous faisons appel à l’organisation sur place pour trouver de l’aide. Peut-être qu’un mécanicien pourrait nous aider… Euh, la réponse fut tout simple, claire et évidente : « Ici, nous construisons des voitures, nous ne les réparons pas » En y réfléchissant bien, c’est très logique tout çà. Pas grave, une concession travaille à personnel réduit pour les dépannages le dimanche. Jacques s’y rend au frein à main toujours. A l’autopsie, il en résultera qu’un flexible arrière avait décidé de se déloger de son étrier et de laisser couler le précieux liquide en dehors du circuit de freinage. On exécute une réparation…comment dire… de fortune dirons-nous et Jacques pourra regagner la Belgique avec sa superbe Urquattro bleu amazone et nous rejoindre pour un dernier tour entre les voitures à la Piazza. Ils nous restent quelques euros. Autant en faire donation à la boutique du musée en échange de quelques magazines et souvenirs… un dernier café jumbo à la buvette du musée. Voilà, c’est fini. On a difficile à le croire, mais nous allons quitter notre paradis. Il est 13h15 lorsque nous nous décidons à tourner les clés de contacts. Nous sommes dans les derniers, on aligne nos quattro devant le musée pour la dernière photo de groupe, et on regagne l’autoroute en convoi international.

Le retour sera beaucoup moins agréable que l’aller. Une circulation à construire 2 bandes supplémentaires illico, quelques orages et pluies diluviennes à hauteur de Würzburg, et des Stau qui allongerons notre journée à un bon minuit dans son lit.

La nuit de dimanche à lundi ? Comment, vous voulez vraiment savoir ? Chaotique, avec des 5 cylindres partout, et un réveil matin que j’ai recommencé à maudire dés 6h00, en entendant la pluie crépiter sur les vitres. Bienvenue en Belgique… 🙁

Ce n’est pas grave. Nous sommes toujours à Ingolstadt, en pensées.

Merci à tous ceux qui ont contribués à faire de cet événement exceptionnel un souvenir inoubliable. Merci aux 4 anneaux, merci à l’ACI et à Audi.

Nous tous 😉

© PBLCT / AUDI-HERITAGE 2005

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