Grosse chaleur au Neige et Glace…

… du 13 au 16 janvier 2008!

Cela fait quelques semaines déjà, Georges Tomsen m’a proposé de copiloter sa superbe Audi quattro de 1983 … dans le baquet de gauche. Je dis baquet de gauche car Scottish origin oblige, nous sommes dans une RHD et, en montagne, ne pas être assis au bord du « trou » (voir plus loin) cela n’a pas que des inconvénients !!
Nous voilà donc le dimanche 12 janvier pour les incontournables contrôles administratifs et vérifications techniques qui se déroulent dans le superbe parc du théâtre de verdure à Aix-les-Bains.

Déjà, un public nombreux et enthousiaste nous entoure, la presse régionale (Dauphiné Libéré en tête) suivant de près cette manifestation.

Après une nuit vécue dans l’angoisse des grandes premières, nous sommes au petit matin de ce 13 janvier, à Aix les Bains, au départ de ce rallye mythique qui en est à sa 54éme édition et la troisième en régularité historique. Un bon dégivrage des vitres s’impose, nous rappelant que nous sommes bien en hiver et que le gel, ça existe encore (mais, à nouveau, on le verra plus loin !). Sur la ligne de départ, les marmites rugissent tels des purs sangs dans leur starting blocks. La neige est annoncée au dessus de 1000 m d’altitude, c’est à dire, au coin de la rue… Ambiance, ambiance.

45 voitures (la plus ancienne date de 1937 – Riley Linx Sprite) vont s’élancer pour trois boucles, à l’assaut des massifs du Vercors, de la Chartreuse et du Haut Jura, pour 1.100 Km de pur plaisir.

Pour la petite histoire, cette très belle voiture abandonnera malheureusement le troisième jour sur bris de boîte de vitesse alors qu’elle tenait superbement le haut du classement.

Au menu : 30 secteurs de régularité sur les pentes enivrantes de 25 cols culminant tous à plus de 1.100 m. d’altitude ! En outre, deux circuits sur glace permettront à chacun de se défouler en toute liberté sur les tracés ‘sportifs’ de Chamrousse et de l’Alpe d’Huez, après avoir digéré les 21 virages de cette ascension mythique.

En 34ième position à 8h42, notre fringante quattro passe la grille de départ avec au menu du matin les cols du Granier, Cucheron, Porte et Luitel, pour terminer l’avant midi sur le circuit de glace de l’Alpe d’Huez (à ne pas confondre avec l’Alpe de Duez). Nous avons pris l’option – quattro oblige – d’équiper notre belle de pneus neige Gislavet = super sur la neige, très bonne accroche sur le sec mais sur la glace …. ! Notre équipe d’assistance se chargeant cependant d’un train de pneus cloutés au cas où. Nous espérions secrètement jouer le classement spécifique des équipages effectuant tout le rallye sans clous.

Un parcours de liaison (moyenne 50 km/h.) nous amène au col du Granier (1134 m.). La neige est au rendez-vous comme annoncé, mais principalement sur les (très) bas côtés de la route. Bonne descente du col et pointage à la minute au start du premier test de régularité de ces trois jours.

5, 4, 3, 2, 1 et le cinq cylindres rugit de plaisir. Objectif : le col du Cucheron, route étroite à flanc de montagne, neige et glace (tiens donc) sur la route, moyenne : « seulement » 45 km/h, les organisateurs savent pourquoi ! La voiture est à la fête, le co pilote un peu moins, les premiers lacets se négocient sans problèmes et puis ….. (c’est ici que nous arrivons aux « voir plus loin » de ci-dessus) …..

Nous sommes dans un film tourné au ralenti….. Un virage à gauche…… Une zone à l’ombre…. La route paraît sèche mais, horreur, c’est de la glace !… A droite un mur de neige puis … plus rien. Georges braque, contre braque, rien n’y fait….. Les roues de droite mordent l’accotement et nous entraînent inexorablement dans …. le trou !

Par bonheur, la couverture neigeuse retient notre glissement et immobilise la voiture à quelques centimètres d’un tronc d’arbre trop accueillant à notre goût ! La première émotion passée, votre serviteur s’extrait de l’habitacle en priant qu’une autre voiture ne suive notre voie. Georges tente également de sortir par la porte de gauche, la sienne étant bloquée par l’amas de neige. Mais, chaussé de semelles Slick Racing Compétition, c’est en ramping qu’il atteint péniblement le bord de la route !

Heureusement, la dizaine de voitures sont passées entre-temps dont une Saab 96 qui a également fait un tout droit … dans le mur de neige évoqué plus haut.

L’assistance rallye arriva très rapidement sur les lieux pour finalement se déclarer impuissante, la voiture étant en position trop instable et la glace sur la route empêchant un dépannage en toute sécurité. Bref, grâce au concours spontané d’un spectateur habitant la région, appel fut fait à un engin approprié en ce genre de situation et nous pûmes reprendre la route sans aucun dommage si ce n’est un pneu déchiré et … un nouveau caleçon pour le co-pilote.

Résultat de cette demi-journée perdue : Des souvenirs à raconter à notre retour au bercail, une dégringolade catastrophique au classement mais, en attendant les secours … un bon verre de vin pris avec un ange gardien sans qui nous aurions perdu encore plus de temps à nous dépêtrer. Qu’il en soit ici encore vivement remercié.

Nous rejoignîmes ensuite l’Alpe d’Huez en loupant malheureusement l’épreuve sur glace … et le repas de midi ! … pour continuer dans les temps impartis notre route vers Chamrousse via le col de Luitel.

A Chamrousse – deuxième circuit de glace – la quattro, comme nous, remise de ses émotions matinale, retrouva toute sa vitalité et son brio – Georges y allant de son coup de volant assuré pour placer la voiture dans la bonne trajectoire et nous sortir de ces cinq tours de circuit en honorable position.

Une liaison d’une trentaine de kilomètres pour rejoindre rapidement le Massif des Bauges et le dernier secteur de régularité nous amena sur les pentes du Col du Marocaz, la Féclaz et le Mont Revard où la neige tombait en abondance. Un retour prudent sur Aix les Bains termina cette première journée … en nous promettant de faire mieux le lendemain !

Le deuxième jour devait démarrer par la montée du Mont du Chat sur une route ouverte spécialement pour les concurrents du Neige et Glace. Hélas les abondantes chutes de neige tombées la nuit précédente eurent raison des plus téméraires. Seules deux voitures dont la vaillante Riley de 1937 franchirent la passe … hors délai et l’organisation décida d’annuler cette spéciale.

Direction plein sud, le long du Massif de La Chartreuse, pour atteindre le Vercors et ses grands classiques : la route des Ecouges, les Gorges de la Bourne et le Col de l’Echarasson, traditionnellement enneigé comme il faut. Laissant en dessous de nous les vallées embrumées, nous retrouvâmes rapidement le plein soleil et les champs de neige étincelant de lumière.

Après le déjeuner à La Chapelle en Vercors le road-Book nous invita à reprendre des cols chargés d’histoires de spéciales de rallye, avec le triptyque : Col de Lachau, Col de la Rama, Col de l’Echarasson, pris en sens inverse du matin.

La journée se termina avec d’autres secteurs de régularité sur les routes de Sarcenas, le Col de Porte et le Col du Granier pour rejoindre notre camp de base non sans une dernière frayeur au pied du Col de Porte : le bouchon d’huile s’étant discrètement fait la malle (mea culpa, je l’ai certainement mal replacé à un contrôle précédent) le compartiment moteur baignait dans son lubrifiant. Heureusement, un bon coup de chiffon et un appoint d’un demi-litre et la cavalerie repartit de plus belle.

Et c’est ainsi qu’arriva la troisième journée où notre timide remontée au classement de la veille nous permis de ne plus partir en dernière position.

Cette dernière journée nous emmena vers le Jura et le Haut-Bugey, leurs forêts magnifiques et leurs petites routes enneigées. Le Mont Clergeon tout d’abord, les routes forestières de Chamfronier et de Belleydoux offrirent un terrain de jeu sympathique avant la pose déjeuner au bord de lac de Nantua.

Le tracé de l’après-midi fut de la même veine, avec le Col de Belleroche, le Col de Cuvillat et celui de La Rochette, tout cela avant d’attaquer l’escalade piégeuse du Mont du Chat et de finir en beauté par la descente de la route toujours très enneigée vers le Lac du Bourget.

La quattro et son équipage avaient trouvé leurs marques et, malgré les pièges du terrain, nos temps de passage furent plus que satisfaisants, ce qui nous valut la neuvième place de la journée …. malgré le dépannage de concurrents perchés sur un mur de neige, les roues tournant dans le vide ou fichés dans un mur de neige, dans une épingle en pleine descente du col du Chat. La motricité et la puissance de l’Audi sortirent à chaque fois les concurrents de leur fâcheuse posture.

En conclusion : une aventure à nulle autre pareille, une ambiance sympa, une organisation très professionnelle et une équipe d’assistance enthousiaste … Bref, avec une voiture qui se découvre de jour en jour … on doit le refaire l’année prochaine.

Pierre RIGA

Album photos

Lien vers le site officiel du rallye Neige et Glace

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