Rencontre du 43ième type…

…avec Titine, ce dimanche 20 janvier 2008

Elle est si différente, non, ce n’est pas une Sport quattro! Une ur-quattro ? Rien de tout çà non plus! Au diable les années 80 et les lignes coupées… Les berlines type 43, elles ne comptent pas pour des prunes…
D’ailleurs, que ne ferait-on pas pour en approcher une et pouvoir la photographier ? Chacun a sa technique, selon son humeur et sa nature. Certains n’hésitent pas à sortir du troupeau, à simuler un évanouissement quelconque, pour stopper la belle et pour admirer une ancêtre aux 4 anneaux de près. J’ai une preuve !! Pour ma part, j’ai choisi la simplicité d’un petit mot laissé dans une boite aux lettres. Que je vous explique…

A plusieurs reprises, je suis amené, durant les mois d’octobre et de novembre, à emprunter une rue arborée de la région de Wavre, pour des raisons professionnelles. Elle est là, devant la maison, elle me nargue, bien parquée, le long de la façade. Sa couleur me rappelle à mes souvenirs de gosse, lorsqu’on en voyait fréquemment sur les routes. Cette couleur fut à la mode autrefois, si si, à la fin des années 70, début des eighties, un vert onyx !

Oh oui, cette Audi 100 type 43 me fait de l’œil, elle semble m’appeler… Je finis donc par craquer et rédige une petite lettre pour manifester mon intérêt, mon souhait d’en savoir plus sur elle et ses propriétaires, en prenant bien le soin de laisser mes coordonnées téléphoniques, en mentionnant le club, pour donner un sens plus sérieux à la démarche. C’est que nous pourrions vite être pris pour des extraterrestres, nous, bande de passionnés que nous sommes. Tout le monde ne peut comprendre…

Chance ! Quelques jours plus tard, le gsm finit par sonner… C’est Amélie qui m’appelle, ravie que quelqu’un s’intéresse à sa voiture. La suite, vous l’aurez deviné… Un rendez-vous est pris, et finalement, profitant d’une éclaircie au milieu d’un dimanche après-midi maussade, me voilà parti du côté de Wavre avec un bloc note et mon appareil photo, en ce milieu de mois de janvier.

L’accueil est très chaleureux ! Vincent et Amélie me reçoivent avec le sourire, tous les deux contents de pouvoir parler de leur goût pour les voitures des années 70. L’Audi 100 a même été nettoyée pour la circonstance.

Avant de prendre connaissance de la petite histoire de notre type 43, je demande la permission de commencer par la séance photos. Naturellement, me répond Vincent. Mais nous n’allons pas rester dans l’allée de la maison. Je vous ai préparé un petit trajet qui vous permettra d’immortaliser l’Audi dans un cadre plus sympathique ! Que demander de plus ! Je suis aux anges.

Inutile de vous préciser que Madame l’ancêtre démarre au quart de tours ; Elle a pourtant quelques années, puisqu’elle fut immatriculée en Belgique pour la première fois le 14 décembre 1979. Je m’installe donc à la place du passager et me laisse conduire, appareil photos enclenché.

Bien vite transporté dans le passé avec cette odeur typique des types 43, que je ne peux vous expliquer avec mes mots, Je remarque que le kilométrage reste très raisonnable, avec ses 138.300 km au compteur, et que la radio est d’époque. La voiture a bénéficié également d’un toit ouvrant d’origine à deux positions, comme option. La voiture est équipée d’une sellerie en velours beige, et d’ailleurs, l’onctuosité du 5 cylindres emmène l’ancienne berline avec un confort remarquable sur les petites routes de la région, de villages en villages. Comme sur du velours… Aucun bruit suspect, la grande classe !

Un premier arrêt le long de la ligne de chemin de fer me permet d’immortaliser notre Audi 100, qui a commencé sa vie à Bruxelles. L’ancien autocollant de notre importateur d’Ieteren trône encore fièrement sur la vitre arrière. Amélie et Vincent sont en fait les troisièmes propriétaires. Ils ont racheté cette voiture à Bruxelles, il y a plus ou moins deux ans maintenant.

L’histoire de la destinée de cette voiture est assez cocasse. La deuxième propriétaire était une dame de Bruxelles. La voiture avait été mise en vente sur e-bay. Lorsque la propriétaire a appris que le meilleur enchérisseur voulait la démonter, pour en faire des pièces, elle refusa de lui vendre. C’est finalement Amélie et Vincent qui se présenteront un peu plus tard comme candidats acheteurs, et la ramèneront à la maison.

Mais pourquoi avoir acheté cette Audi 100 GL 5S ? En fait, notre sympathique couple a toujours eu un certain goût de la nostalgie. « Chez nous, çà ne sent pas l’Ikea », me dit Monsieur. Le ton est donné, et en matière d’automobile, ils souhaitaient également vivre au quotidien le plaisir de la voiture des années 70. Leur premier achat les conduisit à acquérir une Simca 1300 de 1972, après avoir hésité avec une Ford Capri. Ah pour çà, la voiture avait vraiment le look des années 70, et sa couleur était assez proche du vert de notre Audi type 43. « Le seul problème, c’est que notre Simca de 70 ch donnait aussi des sensations de conduite très début des années 70, voir même fin des années 60 ». Amélie de rajouter, un sourire aux lèvres : « j’avais beaucoup de mal à passer les vitesses, et son côté propulsion ne me donnait pas confiance en sa tenue de route. Elle était assez délicate à manier». De plus, on ne peut pas dire qu’elle faisait preuve de fiabilité tous les jours… m’avoueront-ils en conclusion. La voiture est donc revendue à un passionné qui la restaurera entièrement.

Quel changement, donc, au volant de cette Audi 100, qui a déjà tout d’une voiture moderne et confortable. « Et puis ce bruit inimitable du 5 cylindres a finit par nous conquérir, à l’essai, en ayant une petite pensée nostalgique pour l’Audi 5000 de Higgins, dans Magnum, lorsqu’on contemplait sa ligne. » Souvenirs souvenirs…

Il est vrai qu’Audi se fera remarquer lors de la sortie de ce véhicule, en 1976. Un modèle type 43 qui terminera sa carrière en 1982. Notre modèle ci-présent est équipé d’un moteur code WB de 2144cc et de 115 ch, et d’une boite 4 vitesses. Pour avoir eu le plaisir de la conduire durant quelques kilomètres, je peux vous dire que c’est du pur bonheur. Un sentiment de sécurité, de robustesse, de confort et de silence, une impression de puissance et de prestige qui devait à l’époque séduire une certaine clientèle, soucieuse de belles finitions et de qualité allemande! Une voiture de 1170kg et de 4,68m de long, se parant fièrement d’une vitesse de pointe de 176 km/h et d’un 0-100 km/h en 11,2 sec seulement. Une berline qui fut bien née.

C’est avec ce modèle que l’aventure du 5 cylindres a commencé chez Audi. L’Audi 100 type 43 ou C2 a été produite avec un 5 cylindres en ligne à injection de 136 ch dès avril 1977. Une version à carburateur de 115 ch, comme celle que nous vous présentons, suivra rapidement ainsi qu’un diesel avec ou sans turbo de 87 ou 70 ch. A côté de la berline, Audi proposera aussi une rare version 5 portes à hayon et inaugure à cette occasion l’appellation Avant qui subsiste encore aujourd’hui. Fin 1979, la gamme est coiffée par l’Audi 200 5T, une carrosserie de 100 animée par un moteur turbocompressé de 170 ch. Notre fameuse Audi 5000…

Audi se mettait ainsi en route vers le haut de gamme après n’avoir joué qu’un rôle effacé depuis sa renaissance au milieu des années 60. Toutes sont des 2 roues motrices. La transmission quattro n’a fait son apparition sur les 100/200 qu’à partir du modèle suivant, le type 44, en 1983.

Cette Titine, comme elle fut baptisée par sa deuxième propriétaire (ce surnom lui colle encore à la carrosserie aujourd’hui auprès d’Amélie et de Vincent), n’a vraiment procuré que des moments de plaisir et de bonheur à ses actuels propriétaires ; Aucun frais mécaniques, juste l’entretien, et c’est parti ! Il est vrai qu’elle tourne comme une horloge, et qu’elle a le mérite d’être d’origine. Par contre, notre Titine ne peut cacher ses années de services bien rendus lorsqu’on s’attarde à l’état de la carrosserie. Ce serait se voiler la face que de croire qu’elle a échappé, comme tant d’autres de ses sœurs, à la rouille. Elle est dans son jus, comme on dit, mais elle a encore le mérité d’exister, et de rouler !

Assis autour d’une bonne tasse de café, nous continuons notre conversation, en toute simplicité. Amélie et Vincent me montre la notice d’utilisation, qui est encore présente avec les documents de bord, et m’annoncent que la voiture est à vendre. Les raisons sont toutes simples, des priorités familiales et de beaux projets vacances avec les enfants, en motorhome, dans un futur proche, le manque de temps et de place pour la garder, mais aussi le soucis de passer la main à un passionné qui saura lui rendre son aura d’antant, s’en occuper et surtout s’attaquer à la restauration de sa carrosserie.

Le message est donc passé. Voilà peut-être une occasion, pour l’un d’entre vous, d’acquérir une type 43 pour notre prochaine expédition à Heubach, version 2008. N’hésitez donc pas à me demander les coordonnées de notre charmant couple ! Avis aux amateurs, avis aux passionnés !

Patrick

Album photos ici
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