Corse Sud Classic Rallye 2008

Epreuve de régularité…

Prémisses :

Avec déjà deux éditions vécues, André, sa belle quattro et moi remettons les couverts.

Il est en effet aisé de s’habituer à cette belle région nommée île de beauté. En outre, elle représente désormais pour nous l’aventure « rallystique » de l’année. Cette épreuve semble nous être devenue incontournable.

Le Corse Sud Classic Rallye prend de l’ampleur car 60 équipages s’y sont inscrits. L’année 2008 prend particulièrement des couleurs belges car plus d’un quart d’entre eux (17 pour être précis) viennent du plat pays.

Les voitures belges ont fière allure avec une Cortina Lotus (3ème l’an dernier), deux Ford (une Taunus et une Escort MK1), une Mercedes 250 SL, une MGB, deux Alpine, une Volvo Amazone, deux Triumph TR4, une Alfa Jiulia, une BMW 2002, deux Lotus Europe, deux Jaguar (XJC et Type E), une Porsche 914 et enfin… deux quattro.

Hé oui, cette année, une deuxième nous accompagne grâce à Georges Tomsen, membre de notre beau club et dont vous avez déjà découvert les talents sur les récentes boucles de Spa historique.

Deux semaines avant l’événement, nous nous sommes réunis pour un « briefing Audi » et avons fait la connaissance de Pierre Riga, copilote de Georges et qui donc sera le quatrième représentant du club en Corse.

Pierre est un érudit de ces épreuves. Il a lui-même peaufiné l’Audi et l’a dotée de quelques accessoires subtils. L’équipage sera également accompagné de Francis qui offre son assistance.

Pour cette année, nos objectifs sont à peine dissimulés. Georges et Pierre espèrent faire belle impression pour une première édition. André et moi espérons faire aussi bien que l’an dernier (7ème), voire mieux.

Pour rappel, la régularité n’est pas spécifiquement une épreuve de vitesse. Il s’agit de rouler à une allure précise et ce, sur une certaine distance, tout en suivant un road-book. Il convient donc de bien calculer sa vitesse (1 point de pénalité par seconde en retard et 2 si en avance), de ne pas se tromper de chemin ou pire de rater un point de contrôle, sinon c’est la catastrophe et la descente dans le classement.

Au niveau du calcul, il doit être permanent car on peut se faire « flasher » et donc contrôler n’importe où et pas forcément à l’arrivée.

Les moyennes à atteindre flirtent avec les 50 km/hrs. Cela parait peu élevé mais sur les routes de Corse, ça reste indéniablement très sportif étant donné que se succèdent sans fin, les virages, les épingles et le tout sur des routes très étroites avec d’office la montagne d’un côté et le ravin de l’autre.

On se prend donc au jeu et surtout dans les étapes de liaison où abandonnant le chrono, on peut se défouler à son gré suivant la forme de la route, de celle de son auto et de votre propre cœur: un vrai régal!

La fiabilité de l’auto est un des éléments capitaux pour ce genre d’épreuve. Avec André, nous en avions fait les frais lors de notre première participation. C’est donc, comme de juste, que Georges prendra cette fois le relais (à suivre…).

La quattro d’André ne sera pas sans faille car elle nous fit une grosse frayeur à l’aller. Quittant nos familles dès 5 heures du matin, nous partions sans crainte… pourtant, 500 km plus loin, soit à mi parcours, le flanc droit était maculé d’huile. Le diagnostic était sans appel: rupture du sertissage de la durite du radiateur d’huile.
C’est avec truc, astuce, le calme d’André et le conseil téléphonique de Roger (c’est devenu une habitude) que nous avons réparé sur un parking à hauteur de Chambertin. Dommage que le breuvage fuyant n’était pas à la hauteur de celui qui se trouve dans les tonneaux locaux.

Après cette petite frayeur qui nous coûta une heure, nous rejoignons l’autre quattro puis enfin Toulon et son port. Après une traversée en ferry un peu agitée (et dire qu’on prétend que la Méditerranée est toujours calme), 60 anciennes automobiles débarquent sur la Corse et se dirigent vers le petit village de Porticcio (côte Ouest de Corse) qui sera notre point d’attache.

Premier jour de rallye:

La première journée est d’attente avec le contrôle technique, les briefings, les derniers préparatifs mais l’essence, l’huile brûlée parfument déjà l’ambiance.

A 21heures, le premier départ est donné et nous voilà partis de minute en minute pour deux étapes de nuit (hors classement). Portant le n° 9, nous sommes dans les premiers à démarrer.

Sur la première spéciale, la nuit durcissait le style de conduite. Ce fut juste… car pour rester dans nos temps, il fallait cravacher dur… ce que ne savait pas faire la lourde Mercédes 250 SL qui nous précédait. Arrivé à son pare-choc, le sympathique François Dombret, nous laissa heureusement filer et nous permit de garder le chrono.

Sur la deuxième spéciale, une surprise nous attend: nous devons calculer notre moyenne nous-même, à partir d’une durée et d’une distance imposées. Aussi, dans le noir, dans le vif de l’action, je plonge sur ma calculette pour un tout autre sport… Nous sommes prêt pour le « Go » et c’est reparti…
Subitement, 5 km plus loin, voici une nouvelle surprise: on nous fait changer de moyenne. Après correction calculée, c’est encore reparti et la Quattro rugit mais bien vite la Mercédes apparaît à nouveau. Une nouvelle fois, elle se met sportivement sur le côté et nous passons:… Top sur la ligne d’arrivée! …Ouf, on est bon!

Comme l’an dernier, j’ai vraiment pris grand plaisir au volant. Sur ces routes imprévisibles et pas du tout éclairées, le pilotage doit être instinctif et incisif. Avec André, nous faisons la paire et au final, au termine à une superbe 3ème place.

On rentre au parc fermé… Georges portant le n° 39, nous avons +/- 30 minutes pour l’accueillir et recueillir ses premiers sentiments. Son visage est mitigé et son pouce « baissé »: l’étrier arrière droit est en train de serré. La roue est brûlante!

Cette étape de nuit a donc déjà fait des dégâts et les belges ne sont pas épargnés. Francine (copilote dans la Cortina) est malade, idem pour Anne-marie dans la 914; une des lotus Europe s’est perdue et pour l’autre, le joint de culasse a cédé.

Deuxième jour de rallye:

Le lendemain est plus copieux avec 350 km à parcourir et 5 étapes spéciales.

André pilote le matin et je le guide. Dans le col de St Georges, la spéciale de Zialiara, celle de Zonza à Quenza que nous connaissons désormais très bien et le col de Bacinu, cette demi journée sera excellente pour nous.
Avant de rejoindre les bords de mer (non loin de « La Tonara ») pour un somptueux dîner, nous sommes déjà à la 5ème place du général.

Nous confirmons donc et je réalise soudain que la donne est très différente des années antérieures.
Habituellement, notre quête est de remonter dans le classement et l’attitude se veut attentive et motivante… pour mieux faire. Cette fois, bien classés dés le départ, c’est le stress qui s’empare de nous pour éviter les erreurs. En outre, on se sent observé par la concurrence. Certains d’ailleurs en profitent et je pense à l’Alpine A 310 qui, perdue dans ses calculs, s’est recalée sur nous pour terminer, elle aussi, avec un minimum de pénalité.
En tête de course, la donne est tout autre et je le découvre!

Georges et Pierre sont partiellement soulagés de l’étrier arrière droit qui cause moins de soucis et ils se hissent à la 11ème place à égalité avec la superbe TR4 belge de Jean Marc. Décidément ces très anciennes sont étonnantes de vivacité dans les lacets montagnards.

La 350 SL, elle, abandonne et quelque part, André et moi, quoique désolés, sommes un peu soulagés de ne plus avoir à la dépasser à chaque spéciale. En réalité, cet abandon est imputé à un cardan qui faiblit dangereusement.

Dans l’après-midi, nous aurons donc d’autres concurrents devant nous dont la superbe Austin Heayley de 1961. Celle-ci fut à l’époque carrosserie par Leuhman. Il n’en existe que 15 exemplaires. Conduite par un équipage féminin qui sait y faire, cette auto est d’une élégance rare.

Après avoir découvert le « rocher du lion » près de Bocca Albitrina, tournoyé pied au plancher autour du belvédère de Campomoro, atteint le site historique de Filitosa, emprunté en spéciale la descente étroite et bosselée de Calzola,  la journée se termine déjà.

Pour envisager le retour vers Porticcio, nous engageons une longue et sinueuse descente vers Ajaccio. Suivant une Alpine A 110, j’avoue qu’au volant de la quattro, je me suis régalé. A vive allure, l’Alpine coupait tous les virages et pour me donner un peu plus de fil à retorde, je la suivait en m’obligeant à rester sur ma bande de roulage. Je peux vous assurer que c’est dans ces conditions qu’on voit les capacités réelles de nos terribles Audi.

De retour à l’hôtel, nous goûtons notre 7ème place au général et attendons la Quattro de Georges. Je l’aperçois mais une nouvelle fois, Georges a le pouce « baissé »; le moteur chauffe!

Une inspection brève révèle une durite d’eau fendue et sans doute pour origine du mal, la sonde qui actionne le ventilateur, ne fonctionne plus.
Les deux équipages réunis, plus Francis, nous opérons sur la quattro. En à peine une heure, tout était réparé et un interrupteur actionnant le ventilo était installé dans l’habitacle, devant le copilote: du bel ouvrage!

Troisième jour de rallye:

Le lever reste relativement de bonne heure et à 7hrs30, nous sommes déjà au petit déjeuner.

Le programme est fort similaire à la veille si ce n’est que cette fois, nous roulons dans la région de Sarola où nous ferons une spéciale dans les lacets de Sari.

André et moi restons hyper concentrés. Si nous voulons rester dans le top, il faut absolument limiter au plus les pénalités. Dans le top, les erreurs se font rares. La deuxième spéciale se fait dans les belles calanches de Muna et se termine au couvent St François où nous sommes attendu pour un rafraîchissement.

La reprise est chaude… dans la traversée du village de Letia San Martinu. Là, deux casses vitesses nous surprennent et les Mc Pherson « tapent » lourdement au point de plier légèrement la roue avant droite. Le choc est tel que je saute ma note et nous loupons la sortie vers Evisa. Nous roulons ainsi +/- 400 m. C’est la cata… André fait demi tour mais a la présence d’esprit d’inverser la marche du « Trip » qui quantifie notre parcours. De nouveau sur le bon chemin, le « Trip » reprend son compte normal mais c’est alors à André de cravacher pour se « recaler ». Il fera ça de main de maître et en très peu de temps malgré les routes dangereuses. Imaginez qu’il fallait à la fois rattraper le temps perdu mais aussi celui qui devait s’écouler normalement. Bref, c’était à fond jusqu’au recalage.
Dans la même spéciale, nous nous offrons une nouvelle frayeur: notre instrument principal, à savoir le « cadenceur », montre des signes curieux mais heureusement juste en fin de spéciale.
J’en vérifie le fonctionnement mais tout semble normal. Par chance (qui semble être restée avec nous), on est pointé juste après!

A l’auberge du col, nous faisons le point et manifestement, la recette commence à être apprise car nous faisons 1er à la première spéciale et 2ème à la seconde.

Pour l’après-midi, je reprends le volant et on attaque le Col de Sevi,…mais ça ne rate pas et en pleine étape, le « cadenceur » tombe en panne. C’est la panique! André qui me copilote prend immédiatement la table de calcul mais, en pleine spéciale, retrouver son sang froid est peu aisé. André arrive cependant à me « recaler » en fin d’étape et nous sommes heureusement flashé en fin de tronçon.

Il reste une spéciale, que faire donc avec cet appareil récalcitrant !?! Je pense alors à la bête panne de pile électrique. André a ce qu’il faut et, sur l’étape de liaison de 16 km, il a le temps de remettre l’appareil en état… et ça marche!
Nous ferons donc la dernière longue spéciale (près de 20 km) jusque Porto sans ennui et avec une belle régularité. La rentrée vers l’hôtel se déguste telle un dessert avec la traversée des remarquables Calanches de Piana, classées patrimoine de l’UNESCO.

La fin de journée devient cependant, pour nous, un moment d’inquiétude en attendant l’arrivée de la quattro de Georges. La mine du jour n’est guère plus réjouie car, cette fois, c’est un des maîtres cylindres d’embrayage qui montre des signes de faiblesse.

Après le souper, les résultats intermédiaires sont donnés et, clairement, la chance est avec nous car nous reprenons en fin de journée la 5ème place au général. Quelle course!

Nos amis belges commencent déjà à nous féliciter d’autant que les deux places devant nous ne sont qu’à un point d’écart. Cette situation est littéralement troublante car en définitive avec la demi-journée de course qui reste, tout peut encore être gagné… ou perdu!

La tête de la course semble définitivement être acquise par la jaguar Type E déjà victorieuse l’an dernier mais la Golf GTi espagnole est sur ses talons.

Georges quant à lui, limite encore la casse et se classe désormais 12ème. Il tient bon!

Dernier jour de rallye:

J’ai rarement connu tel moment instable où vouloir bien faire, prend le dessus sur tout. Mon déjeuner fut léger tant l’estomac était noué.

Pour cette matinée, en avant pour trois spéciales sur seulement 90 km, étapes de liaison comprises!

Encore plus tendus, André et moi sommes méticuleux. Soudain, dans les dédales d’Aqua Doria, nous apercevons la Golf qui s’est perdue et a ainsi concédé deux lourdes minutes. Rendez-vous compte! Serait-ce là une place de gagnée?
Mais, Miro l’espagnol est talentueux et dans les serpentins encerclant les montagnes, il virevolte pour refaire ses 120 secondes de retard… pas une de plus,… pas une de moins! Ce coup de maître lui vaut de prendre la tête du rallye!!!

Les dés sont jetés et les nôtres aussi en nous agrippant au final à notre belle 5ème place et ainsi 1er des belges. A ce sujet, ils ont majoritairement mérités puisque sur les 20 premiers du classement, 10 sont belges!
Notre petit pays s’est donc largement fait remarqué;

La quattro de Georges a, au final, tenu le coup et se classe bravement 18ème.

La belle histoire s’achève donc déjà. Il nous reste encore un peu à profiter de ce superbe pays, de laisser Georges et Pierre qui prolongent leur séjour avec leurs épouses qui viennent d’arriver… et André, Francis et moi ramenons nos deux deux quattro Stars en Belgique…

Ce fut un ravissement de vivre cet évènement avec deux Audi. Ça donnait une coloration particulière à cette édition 2008 mais ça nous a surtout permis de renforcer des liens d’amitié et de faire connaissance avec Pierre Riga qui fera encore parlé de lui en notre club.
En effet, Pierre est sur un projet grandiose. Il est nommé copilote officiel de la VW Iltis de d’Ieteren qui participera, à l’automne prochain, au « Paris-Dakar historique ».

A toutes fins utiles, je rappelle que la Iltis fut victorieuse au Dakar en 1979 et qu’une des raisons de son engageant, était la confirmation de la qualité de son système 4×4 choisi et ce, en vue de le transposer définitivement sur la future Quattro.

En outre, en 1979, quatre Iltis étaient engagées et une était déjà équipée du « 5 cylindres » qui deviendra célèbre.

Nul doute donc qu’au sein de notre club, nous suivront la prochaine aventure de Pierre.

Nous lui souhaitons déjà plein succès et… à bientôt la Corse!

Jacques, Président « Audi Héritage »

Album photos André

Album photos Jacques

Album photos Pierre

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