Sous les projecteurs : LaurentV8

Une rubrique pour nous connaître un peu mieux, voilà ce qu’il manquait. Les sorties sont bien une occasion, mais Audi-Heritage s’étoffant petit à petit, cela devient de plus en plus difficile. Alors nous allons partir à la rencontre des membres : qui sont-ils, comment le virus Audi leur est venu, comment leur(s) Audi ont-elles atterri chez eux ?

Le premier à passer sur les feux de la rampe est un fidèle des sorties Audi-Heritage et du forum, à savoir notre ami Laurent…V8, qui a accepté d’emblée de recevoir notre équipe d’enquêteurs partis explorer la piste luxembourgeoise…

Contrairement à une idée répandue, Laurent n’a pas des journées de 30 heures, et entre son commerce, sa famille et ses Audi, sur lesquelles il intervient lui-même, il n’a pas été simple de trouver un moment pour nous rencontrer. Une sombre soirée de décembre a fait l’affaire, mais faites confiance à la simplicité et à la passion de Laurent pour éclairer et réchauffer l’atmosphère.

La première étape de la soirée nous a menés de villages perdus en autres villages perdus, vers la caverne d’Ali-Baba. Là, endormies sous leurs bâches à la lueur blafarde des néons, dans la nuit toute en brume et crachin, nous découvrons des trésors.

Au fur et à mesure que nous débâchons les belles et que nous réveillons les plus fringantes à l’aide d’une batterie, les esprits se réchauffent. Les vieux murs de pierre renvoient le son des 5 et 8 cylindres, les tableaux de bord s’éclairent d’orange, les yeux brillent, nous oublions tout le reste et surtout la température ambiante de 4c° ! La passion est là.

Il y a celles que nous connaissons, mais aussi quelques autres : la splendide V8, pièce unique chez Audi-Heritage, une ur-quattro de 1988, un assortiment de Coupés GT allant de celui prêt à prendre la route à la banque de pièces, et deux rares berlines type 44 : une 5000 s aux normes américaines, automatique, qui attend des jours meilleurs et une 100 sport, avec des jantes aero à la monte majorée, son intérieur « jacquard-satin » et son tableau de bord spécifique. Celle-ci est une simple traction avec un moteur NF, mais elle a existé avec le moteur turbo et la transmission quattro.

Laurent nous raconte son histoire : « je cherchais un moteur, et je suis tombé sur cette voiture complète. Au téléphone, le vendeur me dit qu’elle n’a que 54 000 kilomètres, mais je lui réponds qu’on ne me la fait plus et que je ne compte pas donner plus que le prix du moteur que je cherche. Il trouve que c’est trop peu, mais insiste pour venir me montrer la voiture.

Quand il arrive, la voiture est repoussante, verdoyante de crasse, avec des paupières de phares, des élargisseurs de voie, bref, en la voyant arriver à 100 mètres, je sais déjà qu’il peut faire demi-tour. Mais un ami mécanicien qui m’accompagnait me dit discrètement : « c’est une rare 100 sport, si tu ne la prends pas, moi je la prends ». Et c’est ainsi que je l’ai achetée. » Et quand on voit la voiture aujourd’hui, après les soins que Laurent lui a prodigués, on a peine à imaginer l’état dans lequel elle est arrivée chez lui. Cependant, la faire rouler tient de la grosse galère : comme il s’agit d’une voiture de démonstration d’Audi AG et qu’elle n’a jamais été immatriculée, il n’y a donc pas de certificat d’immatriculation du propriétaire précédent. Laurent explore les pistes qui lui permettraient de faire rouler cette merveille, ne désespérons pas de la voir un jour à une de nos sorties.

Et puis, nous oublions la voiture de tous les jours : la 200 20v blanc nacré à la mécanique remise à neuf de fond en comble. Laurent ne tarit pas d’éloges pour ses performances, mais comme d’autres, elle est arrivée chez lui dans un triste état, et comme pour d’autres, il a retroussé ses manches, accomplissant la plus grande partie du travail lui-même. Rien ou presque ne lui fait peur et on est ébahi par le résultat, il ne reste plus que la partie travaux de carrosserie pour en faire un modèle exceptionnel.

Le moment vient de demander à Sésame de se refermer et de continuer la conversation bien au chaud, profitant de l’hospitalité de Laurent, d’Angelina, son épouse, sans oublier Ernest, Arthur, Clémence et Georges, dont la mise au lit, toute en douceur et sans bruit, reste encore un sujet d’étonnement pour les enquêteurs.

Dis-nous, Laurent, comment t’est venu le goût des anciennes Audi ? »

-« Au milieu des années 80, vers 18 ans, j’étais plutôt BMW. Mon rêve était la 323i, assez éloignée des Audi comme vous voyez. J’ai alors décroché un stage, et il était habituel que les ouvriers passent prendre les stagiaires quand ils habitaient sur leur chemin. Celui qui passait me chercher roulait en Coupé GT et je suis tout de suite tombé sous le charme. J’entendais la voiture arriver au loin, vers 5 heures du matin, et ce bruit est resté dans mon cœur de grand gamin.

Lorsqu’est venu le temps d’acheter ma première voiture, en 1990, j’ai hésité entre plusieurs modèles : Peugeot 505 turbo, Saab 99 notamment. Un jour, je déniche un Coupé GT KE de 130 ch à Fosses-la-Ville. Le vendeur m’a fait croire qu’elle avait toute une série de pièces neuves, mais en fait c’était une ruine. Trop tard, je l’avais vue, je la voulais. Le moteur a rendu l’âme un mois après et j’ai tout refait. Une fois remis à neuf, le coupé a terminé sa vie contre une voiture qui m’a coupé la route. Il était dans un triste état, et moi au bord des larmes, mais j’ai demandé qu’on l’enlève avec des sangles et pas un grappin. Trop dur à voir, le grappin, et même s’il était évident que la voiture était irréparable, j’avais quelque part l’espoir fou de la remettre en état. »

« Et les autres Audi de ta collection ? »

-« Le lendemain de l’accident de mon Coupé GT, j’achetais un Coupé KV autour duquel je tournais depuis déjà quelque temps. C’était en 1993 et je l’ai emmené de 55 000 à 273 000 km. Je l’ai toujours, mais il n’est plus en bon état et sert de banque de pièces.

Puis il y a eu la V8. En 1999, j’avais régulièrement l’occasion de retrouver sur la route le propriétaire d’une Golf II 16s. Dans les virages, je pouvais le distancer, mais en ligne droite, il revenait immanquablement sur mon Coupé GT et finissait par me dépasser. Je m’étais juré de le semer un jour ! Je voyais de temps en temps des annonces « à vendre Audi V8 », mais je n’avais pas la moindre idée de ce que c’était. J’ai l’occasion un jour d’aller en voir une… Un de ces jours où le moral est au plus bas, et vous avez bien envie de vous faire plaisir… la caisse quotidienne de la parfumerie, dans la poche, a servi d’acompte le jour même, une grosse folie pour un gros coup de cœur. »

Et le gars à la Golf 16s ? »

– « Je ne l’ai jamais revu, il avait du changer d’itinéraire (rires). Je n’envisageais pas encore l’aspect collection, mais en 2004 j’ai fini par acheter une autre Audi pour rouler en hiver. En roulant avec, on y prend goût et on se dit qu’il serait dommage de ne pas la préserver. Il en vient donc une autre, puis une autre, puis encore une autre. Et puis il y a les achats pour pièces, comme la 5000 s que j’ai achetée uniquement pour le pare-chocs avant. Le temps passant, je me dis qu’il serait dommage de faire des pièces, et elle se retrouve avec les autres, en attendant une restauration. L’idée de collectionner et de restaurer est récente et ce n’est pas urgent, m’occuper de ces voitures est dans une optique à long terme pour occuper mes vieux jours.»

A propos, tu fais pratiquement tout toi-même, où as-tu appris tout ça ? »

-« Enfant, j’observais longuement mon père quand il réparait son camion, j’étais fasciné par son ingéniosité. Vers 12 -13 ans, je construisais déjà des « voitures », en bois avec un petit moteur. Puis vers 15-16 ans, je suis passé à un tricycle, au châssis en tubes métalliques, motorisé par un moteur 2 temps de moto Yamaha. Ensuite ma formation d’ingénieur en mécanique m’a permis d’aborder l’électronique, et c’est ainsi que pour m’occuper, je sors de temps en temps une voiture de la grange, je l’amène chez moi pour y travailler le soir. »

Et Audi-Heritage, tu as connu comment ? »

-« Lorsque j’ai acheté un Coupé GT sur ebay, Fage m’a envoyé un message pour me féliciter, et me dire que si je voulais, je serais le bienvenu au club. Seul dans mon coin, je ne me doutais pas qu’il existait d’autres amateurs, et c’est ainsi que je vous ai rejoint à l’automne 2004. Je suis heureux d’être passionné par quelque chose d’abordable, je peux me faire plaisir sans trop d’arrière-pensées. Si c’était des Ferrari, je ne pourrais pas m’en offrir une seule. D’ailleurs je ne veux plus regarder les annonces. »

Mais l’heure tourne, et le moment vient de nous quitter. Il nous reste à remercier Laurent et sa famille et pour leur accueil chaleureux. Et sur la route, nous nous disons que cela fait chaud au cœur de voir des membres aussi enthousiastes.

Ah oui, pour conclure, on vous disait que Laurent n’avait pas des journées de 30 heures, non, juste des semaines de 7 jours, puisque notre membre travaille tous les jours au commerce. Et oui !

Mais dis-moi Laurent, comment fais-tu donc pour venir aux balades du club, dés lors ? »

-« Ah je me débrouille. Je me fais remplacer, pas question d’en rater une… »

Sous la lampe… : LaurentV8

Enquêteurs : Jacques Fiévez, Etienne Lathuraz, Pat

Texte : Etienne Lathuraz

Photos : Pat

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