Vilnius, le paradis des Audi


Les voyages forment la jeunesse”, voici une maxime qui me plait bien… et qui me motive à me mettre en route dès que possible, mon insatiable curiosité faisant le reste.

En mai 2009, j’ai la chance de me rendre à Vilnius pour raisons professionnelles. Vilnius est la capitale de la Lituanie, l’un des trois pays baltes qui ont fait sécession de l’Union Soviétique en 1990. Depuis, le pays a rejoint l’Union Européenne et a même ratifié le traité de Schengen, ce qui facilite les formalités d’entrée.

Au hublot du Boeing B737 de la LOT qui m’emmène par-dessus la grande plaine agricole polonaise, je vérifie mon appareil photo afin de ne rater aucun des trésors automobiles du bloc de l’Est que je ne manquerai pas de rencontrer sur place. Je me réjouis d’avance des Vaz (Lada) 1600, Volga, ZAZ et autres Moskvitch.

Le trajet en taxi de l’aéroport vers le centre ville jette toutefois le trouble… Des Golf 3, des Hyundai, des Opel récentes… Me serai-je trompé d’avion ? La Porsche Cayenne « vitres noires » qui manque de m’écraser devant l’hôtel achève de me faire une opinion, c’est la déception.

J’avais prévu d’arriver un jour plus tôt afin de visite la ville, dont l’architecture est très variée. En effet, Vilnius est l’une des plus anciennes villes des pays de l’Est (fondée en 1323) et qui était d’ailleurs la capitale culturelle de l’UE en 2009, à l’occasion des mille ans de la dénomination historique « Lituanie ». A voir donc, les rues pavées médiévales, la fameuse tour de Gediminas (le fondateur de la cité), la belle église gothique Ste-Anne ou si vous préférez le style baroque, l’église St-Pierre et St-Paul qui vous comblera avec ses 2000 décorations en stuc. Si la religion catholique est majoritaire, on trouve nombre d’églises orthodoxes, lutuaniennes ou russes qui furent une découverte pour moi.

Outre le quartier de la République d’Uzupis (quartier des artistes), les faubourgs immédiats de la vieille ville sont un autre lieu de contrases: certes les immeubles d’influence soviétique sont majoritaires mais j’ai toutefois réussi à retrouver l’une ou l’autre ancienne maison en bois typique. La ville moderne, commerciale avant tout, permet aux architectes d’oser la construction de batiments audacieux, comme ces 2 blocs noirs penchés et alternés, un plaisir pour le photographe.

En sortant de la cathédrale St-Casimir, une silhouette familière attire mon attention : une Audi 100 Typ44 ‘taxi’ !!!!!! Précipitation, mauvaise photo… tant pis, j’ai un scoop à ramener pour le site du club! Dix minutes plus tard, une autre Typ44 passe… et là, encore une autre… Vous l’aurez compris, le safari photos imaginé au départ change de cible, je pars à la découverte du pays des Audi 100 Typ44.

Au fil des jours, que ce soit depuis la fenêtre de ma chambre d’hôtel, sur les boulevards ou dans les cours des HLM staliniens où je me suis aventuré, j’ai eu l’occasion de croiser et de photographier des dizaines d’Audi 100. Ce sont presque exclusivement des berlines à moteur 5 cylindres (2.0 et 2.2 E), de toutes couleurs dont certaines indiquent bien que les voitures ont eu une première vie en Allemagne. La plupart sont cabossées, celles qui sont en meilleur état sont utilisées comme taxis. Tiens, voilà que j’y pense, je n’ai même pas pensé à me payer une course…

Un élément caractéristique a attiré mon attention sur certains exemplaires, il s’agit d’une calandre proéminente chromée, qui a sans doute pour but de donner un statut de prestige à la voiture.

L’origine de cette migration massive vers la Lituanie est un mystère, aucune autre concurrente allemande de l’époque n’est à remarquer, ni Ford Scorpio, ni Opel Omega, ni Mercedes E (la seule BMW Serie 5 est juste passée pour Christophe). On pourrait en rester là mais la lecture récente d’un ancien numéro (n° 2) de la revue Audi-Héritage fait rebondir cet article : Thierry nous y racontait les circonstances de la vente de sa Typ44 pour l’exportation vers les pays de l’Est. Thierry, qui sait, ta voiture roule peut-être encore en Lituanie.

D’autres modèles du groupe VAG sont à noter: des 80/90 Typ85, de rares Coupés Typ85 également, des berlines 100 ‘C3’, une A2 et une belle 200 Turbo rouge (typ44 également). J’ai pris plaisir de voir une VW Passat rouge d’assez belle facture, de même qu’une Santana et des Golf 2.

Mes escapades dans les quartiers populaires des faubourgs m’ont quand même permis de trouver les voitures qui étaient mon objectif initial : des Lada de toutes les couleurs, dont une 1300 (modèle 2105) rouge qui semblait sortir de l’usine, une autre 1600 équipée de skis sur le toit, 2 Volga de générations différentes (souvenez-vous des Volga sur nos routes, équipées par Scaldia Volga du fameux moteur diesel Indenor de la Peugeot 504), une rare Olcit Axel, vendue chez nous par le réseau Citroen en 1984…et une étonnante ZAZ à moteur V4 arrière, fortement inspirée des NSU Prinz.

Si vous voulez voir de visu ces trésors automobiles dans la très belle ville de Vilnius, la compagnie Brussels Airlines dessert Vilnius en vol direct, à moins que vous ne préfériez la LOT polonaise dont j’ai bien apprécié le service à bord… Qui vaut bien l’escale à Varsovie.

A bon entendeur.

Philippe Trinteler


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