Sous la loupe : Philippe et Séverine, le team Lefebvre.

Ambiance course…  Ce soir, nous allons à la rencontre du team Lefebvre, j’ai nommé Philippe et Séverine, plus connus chez nous sous le nom de COUPE S, qui nous ouvrent leur porte aux confins du Nord et du Pas-de-Calais.

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Calez-vous dans votre baquet, attachez le harnais, contact…

Un son qui vous est familier depuis les exploits de Michèle Mouton et consorts envahit vos oreilles, pas de doute, on ne va pas se traîner.  Accroché au mur, un grand cadre montre le coupé GT bien connu en pleine action, les miniatures envahissent les étagères et les DVD nous plongent au cœur du sujet.  Vous avez vu sur Youtube la caméra embarquée sur les routes du Nord au début de cette année, mais Philippe et Séverine ont sur disque une collection impressionnante de leurs exploits, non seulement en caméra embarquée, mais aussi filmés depuis le bord de la route.  Pendant que Séverine égrène les notes avec un calme olympien, Philippe assure le spectacle de main de maître.  L’entente est parfaite, car chacun sait que s’il flanche, cela veut dire au mieux de précieuses secondes perdues et au pire une sortie de route.

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Mais au fait, pourquoi Audi ?  Ce n’est pas la plus répandue en France, ce n’est pas non plus la plus performante, alors ?  Après quelques mots vient la réponse en images : sur l’écran de télévision, une petite 104 bleu-blanc-rouge virevolte de virage en virage.  C’est avec elle que Philippe a commencé début des années 90, et les images apportent la preuve de ce qu’il nous disait l’instant d’avant : maintenant, il s’est calmé.  En effet, si vous avez trouvé spectaculaire son style au volant du Coupé GT, que dire de ceci ?  Bref, à force d’optimisme, le tout s’est terminé en sortie de route après plusieurs vaines tentatives de récupération de la voiture.  Mais qu’à cela ne tienne, après un changement de caisse, la 104 est revenue en compétition, pour peu de temps car cette fois Philippe avait jeté son dévolu sur une 205.  Nous sommes alors au milieu des années 90.  Pas mal la 205, mais Philippe voulait plus de puissance pour ne plus être à fond en permanence, ce qui à la réflexion était un mauvais calcul puisque même avec une meilleure préparation, il était toujours à fond…  mais plus vite !  L’aventure 205 a brutalement pris fin alors qu’il était en tête de classe des routes du Nord 2004 : il est sorti de route, a traversé une haie en se demandant avec inquiétude ce qu’il y avait de l’autre côté, et a échoué dans un profond fossé.  Vous croyez que ce fut la fin de la course ?  Que nenni, après 32 minutes d’effort, la voiture somme toute peu abîmée, a été extraite de son fossé et a terminé l’épreuve !

Ces deux sorties de route avec des voitures à vrai dire fort peu sécurisantes auraient pu se terminer très mal.  Et puis la charge de famille fait réfléchir.  En parcourant la liste des voitures homologables, Philippe tombe sur le Coupé GT, et comme il semblait plus costaud que les Peugeot, l’affaire fut entendue.  Il restait à se mettre en recherche d’une voiture, la contrainte étant de rester sous les 2 litres de cylindrée.  Une base est dénichée à 4 kilomètres.  Elle est de 1984, mais un peu chère.  C’est alors que Séverine, redoutable négociatrice, entre en action.  Pour 500 €, le vendeur n’est pas d’accord.  Séverine le laisse donc avec sa voiture.  Elle n’est pas encore rentrée à la maison que le portable (on dit GSM en belge !) sonne, c’est le vendeur qui est d’accord.  Mais Séverine n’est plus d’accord, et elle finit par emporter le morceau en mettant 300 € sur la table !  La mécanique d’origine affronte la première saison sans faiblir, nous sommes en 2005, solides ces Audi !  Seule la caisse a été renforcée et mise au look post-84 par un changement des faces avant et arrière.

« – Et les autres Audi, Philippe et Séverine, comment y êtes-vous venus ? »
« – Il y a d’abord eu le Coupé 100s.  Cela fait 10 ans que nous l’avons. ».  Philippe raconte :
« – Un copain m’avait demandé d’aller la voir pour lui.  Elle était en Belgique, mais avait encore les plaques françaises de son propriétaire qui venait de déménager.  Je ne connaissais pas du tout ce modèle, mais en la voyant, j’ai eu un coup de cœur.  C’est moi qui l’ai prise, mais il y avait du boulot ! Séverine a négocié (note de l’interviewer : pauvre vendeur !), et l’affaire était dans la poche.  La voiture avait bien vécu : jusqu’à 9 couches de peinture successives et le fond du coffre en dentelle : il avait été arraché en essayant de tirer la voiture freins bloqués.   Nous comptions la refaire à notre rythme, mais le garagiste chez qui elle était nous dit qu’il fermait dans deux mois, ça a été une course contre la montre pour la terminer dans le délai.

Avant cela, nous avons eu une 80 1.8S type 89, mais que nous avons revendue car le coffre était insuffisant pour une famille.  Puis il y a eu le GT gris, trouvé sur Paris.  Il revient par la route sans problème, mais le lendemain, grosse fumée blanche, le joint de culasse est mort.  Nouveau joint, ça recommence, et on se rend compte que la culasse est vrillée.  On a cherché un autre moteur, trouvé chez…  Laurent V8.  C’est la voiture de tous les jours à-côté du break Xsara qui tracte bravement le plateau pour se rendre aux courses ».

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« – Pour en revenir à la GT avec laquelle vous courez, elle n’a plus sa mécanique d’origine, d’où vient son moteur ? »

« – On a acheté une 90 20V type 89, d’origine italienne, avec un rare moteur 2 litres.  C’est avec ce moteur qu’on court.  On a fait un destockage chez Fage, il a aidé à remonter le Coupé, et la Xsara est revenue remplie de pièces.  Puis le moteur d’une des voitures que nous avions acheté pour pièces a intéressé Roger.  En échange, il a fourni la boîte, plus courte que celle d’origine,  qui sert maintenant à courir.  C’est aussi Roger qui a donné un gros coup de main, notamment pour les supports moteurs dont un ne tenait pas le coup.  C’est par Roger et Fage que nous sommes arrivés chez Audi-Heritage, et c’est encore Roger qui nous a donné le goût de la course en Belgique en nous inscrivant au rallye de la Famenne ».

« – Et toi Séverine, comment es-tu arrivée au rallye ? »

« – Quand j’ai connu Philippe, je ne connaissais rien en rallye.  J’ai commencé en assistance, puis quand le copilote de Philippe a eu des problèmes de santé, j’ai été promue copilote.  J’ai tout de suite accroché, ça me plaisait, et comme le copain n’a pas repris sa place, je suis restée.  Et maintenant, on nous reconnaît, certains nous demandent : c’est vous qui courez en Audi ?»

Et Philippe d’ajouter :

« – L’Audi n’est plus compétitive face par exemple à des BMW compact, mais courir est un plaisir pour nous.  En régularité, on fait exploser les chronos puis il faut attendre deux minutes pour être dans les temps, ce n’est pas notre truc.

Séverine conclut :
« – C’est aussi pour cela que nous aimons la Belgique, courir là-bas c’est retrouver l’ambiance où on ne se prend pas la tête, et où on s’amuse avant d’essayer de prouver à tout le monde qu’on est un grand pilote ».

« – Et pour l’avenir ?  Le budget de cette saison n’a pas été facile à boucler, et il reste à investir dans de nouveaux équipements de sécurité pour la saison prochaine ? »

« – Cette année, un de nos sponsors nous a fait défaut, mais grâce à l’entraide au sein d’Audi-Heritage et Audi Collection, nous avons pu rouler.  Un grand merci à tous, cela nous a vraiment touchés.  Pour l’année prochaine, les choses ne se présentent pas trop mal : en faisant les quatre courses habituelles, nous aurons les moyens d’installer le système Hans, ce fameux nouvel équipement de fixation des casques, désormais obligatoire.  Il s’agit quand même d’un budget de 2000 €. »

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Entre-temps, la table s’est garnie d’un délicieux barbecue, la conversation se poursuit à propos des miniatures qui nous entourent.  A-côté des modèles montés tels quels, Philippe nous montre quelques transformations de son cru, notamment la reproduction d’un cabriolet Treser sur base de Coupé type 85.  Le résultat est impressionnant.  Les vitrines sont pleines d’Audi, mais aussi de plusieurs dizaines d’autres qui retracent les dernières décennies de l’histoire du rallye.

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Il y en a une un peu particulière, elle abrite une série de miniatures uniquement aux couleurs de Michelin, et c’est à l’intérêt que Séverine porte à la marque de Clermont-Ferrand qu’on doit cette mini-collection.

C’est bien tard, après avoir encore longuement discuté de la bonne ambiance qu’on trouve en Belgique et des particularités caractérisant chaque côté de la frontière que nous nous séparons.

Encore merci à Philippe et Séverine pour leur accueil, souhaitons-leur de faire encore longtemps vibrer le public au son du 5 cylindres.

Et si vous voulez en savoir plus, rendez-vous ici :

www.team-ps-lefebvre.com
Enquêteur et photos : Pat
Texte : Etienne Lathuraz

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