Dring Dring
B : « Allo Patrick, c’est Benoit. »
P : « Salut Benoit. Comment va ? »
B : « Bien. J’ai quelque chose à te demander…Tu fais quoi dimanche ? »
Euhhh, là, la prudence ou la sagesse aurait voulu que je réponde d’abord : « Je ne sais pas, je dois vérifier, pourquoi ? »… Mais c’est plus fort que moi, il s’agit de Benoit, et donc, spontanément, je réponds : « Rien, pourquoi ? »
B: « Pour venir avec moi chercher une voiture », me répond-t-il.
P: « Ah oui, ok, c’est quoi ? »
Surpris, Benoit me rétorque fièrement : « Une Audi 80 GTE de 1984. »
P : « Ah chouette, tiens au fait, c’est où ? ».
B: « En Normandie ! » Ah oui…
B : « Je passe te chercher avec le plateau dimanche à 6h00 du matin. » Ah oui…
P: « A dimanche, alors ! »
Le coup de fil a duré 2 minutes. J’en saurai plus dans quelques jours.
Ne serait-ce pas la nuit où on avance les heures… Une heure en moins, dimanche, 6h du mat départ… On va être frais lundi matin au bureau, je le sens.
Nous quittons la Belgique en compagnie d’une petite pluie bien de saison, en ce beau jour du 29 mars 2009. Levé à 5h00 du mat, départ à 6h30 de Namur, une fois le plateau accroché, direction Valencienne, la Picardie, et tout droit vers Le Havre et Caen, notre destination finale. Ce n’est pas bien compliqué. De l’autoroute à gogo, 500 kilomètres pour être précis, mais les paysages ne sont pas monotones, un petit air de vacances, avec le pont de Normandie et l’impressionnante baie de Seine.
Il est en effet plus sympa de partir chercher si loin une voiture à deux ! Je regarde les paysages et les prés qui longent notre route. On ne descend pas dans le Sud mais nous quittons tout de même notre grand nord belge, et les floraisons des fruitiers et des vivaces semblent bien plus précoces en Normandie. Toutes les bêtes sont aux prés, déjà.
A 12h00, nous passons un petit coup de fil avec le vendeur qui doit nous attendre sur un zoning commercial, à la sortie de l’autoroute, sur le ring de Caen. Le rendez-vous est confirmé. On va bientôt la voir en vrai, cette Audi 80 GTE que Benoit a achetée quelques jours plus tôt sur ebay, en plaçant une enchère sans trop y croire.
Première excellente surprise, c’est une jolie Audi 100 turbo qui nous attend au lieu convenu.
Deuxième agréable surprise, les 3 amis français sont très sympas. Ils nous invitent à les suivre car la voiture est dans un petit village autour de Caen, sur un domaine, à la campagne, occupé par une ancienne usine de lin. En effet, les décors deviennent vite champêtres, et la vieille pierre fait place au béton de la grande ville de Caen. Ça sent bon la nature, l’authenticité et le printemps. Nous empruntons subitement un petit chemin de terre, arrivons à une barrière qu’il faut ouvrir, avant de pénétrer sur un domaine qui semble abandonné, mais qui nous réserve quelques surprises…
Le ton est donné à l’extérieur des vieux bâtiments. Vieux tracteur, anciennes camionnettes Renault, ancêtres de toutes marques désossées.
Toujours pas de 80 GTE en vue. Il faut en fait rejoindre l’entrée d’une ancienne annexe. Plus on s’en rapproche, plus les logos VW deviennent nombreux à l’extérieur.
Enfin, les portes s’ouvrent, et c’est la 80 GTE qui la première nous saute aux yeux. Enfin, nous pouvons l’inspecter. Elle est superbe, en bel état. Benoit n’est pas déçu.
Alors qu’il tourne autour de sa nouvelle acquisition, je demande la permission de m’engouffrer dans cette caverne d’Alibaba. Pas de problème, les photos sont les bienvenues et j’ai même droit à une petite visite guidée, avec un mot d’explication sur chaque véhicule, qui a son histoire, son anecdote. Pas de doute, nous sommes tombés chez des passionnés qui sont dingues de VW et d’Audi, et sont des puristes. C’est du 100% d’origine. Quels trésors posent là dedans pour les photos. Voyez par vous-même, j’en reste sans voix. C’est magnifique !
Je reviens vers Benoit, après avoir joué les paparazzi. La 80 GTE est déjà dehors, et le moteur tourne. Benoit diagnostique déjà, à l’oreille, l’un ou l’autre petit souci. Mais cela ne gâche rien au plaisir. C’est un bel achat. La bestiole est en tout bel état carrosserie et l’intérieur est très propre, avec 182.000 km au compteur. Non vraiment, c’est du bonheur. Sa robe est superbe et c’est déjà une fierté de la charger sur le plateau.
Du pays du Calvados au pays de la bière…
Nous quittons trop vite cette caverne d’Alibaba et cet écrin de verdure unique et suivons nos amis français qui ont la gentillesse de nous remettre sur la bonne route. Pas le temps d’aller saluer quelques producteurs locaux de Calvados, ni de partir sur les traces de Guillaume le Conquérant ou de jeter un œil à la côte de Nacre… pas le temps non plus de faire un saut chez le vendeur, Jean-Pierre, qui est aussi l’heureux propriétaire d’une Audi 100 coach bleue avec intérieur beige, des années 70… unique !
Une petite pizza, un verre de vin, dans un italien d’un zoning commercial en bordure de l’autoroute, avec vue sur le précieux convoi à l’extérieur, et à 14h00 précise, nous levons le camp, saluons une vache normande qui semble être tombée amoureuse de nos 4 anneaux et bloquons le régulateur de vitesse à 90km/h, en 6ième vitesse. Ce TDI 1.9 115 ch qui anime le Sharan de Benoit est souple à souhait ! Idéal !
Le trajet du retour est un jeu d’enfant, il suffit de revenir sur nos pas, oui mais… cette fois, nous avons une jolie cargaison qu’il n’est pas question de perdre de vue, ni de malmener. Arrivé au premier péage en quittant Caen, on se demande tout de même si la GTE passera sous la barrière placée à 2 mètre, tarif voiture normal… normalement, ça passe, mais comme on y teint déjà beaucoup trop à cette ancienne 80, je sors pour le vérifier de mes yeux vus.
Ça passe, bien entendu… en avant toute! Seine maritime, Forêt d’Eawy, département de la Somme, ça fleure bon le retour au pays de la bière. Nous sommes moins bavards qu’à l’aller… la fatigue nous rattrape, mais nous décomptons les kilomètres que tout le monde avale sans broncher.
Nous rentrerons épuisés, vers 20h00, soulagés de déposer la GTE dans sa nouvelle demeure. Mission accomplie. Voilà un bel exemplaire qui manquait au club. Nous la reverrons un jour lors d’une de nos sorties, n’en doutons pas !
Patrick
