Histoire d’un genre que les 4 anneaux se sont donnés autrefois…

audi-michele-releve-aaf27Michèle, Cathy, Fabrizia, Susy, Tamara et Elly

Elle n’est pas mignonne cette petite sur le carrousel ? Quoi, vous ne la reconnaissez pas ? M’enfin… faites un effort ! Déjà ses boucles et un regard déterminé… Et oui, gagné, c’est bien Michèle Mouton ! Elle est née le 23 juin 1951, à Grasse, et a du très probablement tomber, enfant, dans une marmite de parfum qui sentait bon le succès et le talent.

Quelques années plus tard, à 22 ans, Michèle se lance en effet courageusement dans la carrière de pilote automobile de voiture de course. Dans son Alpine, sa Porsche, sa Lancia puis dans sa Fiat, et enfin, chance pour nous et pour elle, à bord de l’Audi Quattro, avant de se tourner vers Peugeot, Michèle mènera une carrière épanouie faite de joies, de déceptions, de passion, de victoires éclatantes et d’années noires, d’amitié surtout. Et l’amitié, ce n’est pas rien pour cette femme moderne, charmante, au caractère bien trempé, volontaire, non pas à la recherche de la gloire, mais bien de ses limites et de la réussite.

20579_5mgaudi-michele-aaf26Lorsque Michèle recevra, le 9 juin 1980, dans sa boîte aux lettres, un courrier de Walter Tresser, directeur à l’époque d’Audi-Sport, lui proposant de rejoindre le team aux anneaux, Michèle hésitera. « Comme vous le savez, la société Audi vient de lancer sur le marché la Quattro, le premier véhicule de grand rendement à quatre roues motrices et turbomoteur. Actuellement, nous préparons ces véhicules dans l’intention de les aligner dans le championnat du monde 1981. Nous avons engagé M. Hannu Mikkola comme premier pilote et vous demandons si vous accepteriez de conduire un autre véhicule de notre équipe… ».

Il fallait vérifier cette farce. Michèle appela donc Ingolstadt, et ce fut confirmé.

La marque Audi cherchait à l’époque à se faire connaître en Italie et en France. Un pilote de ce pays était donc une aubaine pour conquérir des parts de marché. Surtout que les derniers sondages faisaient rire… La plupart des français interrogés sur la marque croyait qu’Audi était un fabricant de machine à laver !!!! Avec le recul, on ne peut s’empêcher de sourire.

mouton-2bisBeaucoup croyaient à Ingolstadt dans les talents de Michèle. Claude Guarnieri raconte d’ailleurs fort bien et avec humour, dans son livre « Du hasard au défi », consacré à sa Moutonne, la négociation de 4 heures qui eut lieu avec Walter Tresser à Ingolstadt pour dresser un projet de contrat de collaboration entre la firme et la Grassoise.

Par la suite, tout se compliqua à nouveau. En effet, Walter Röhrl, de nationalité allemande et donc avantagé, avait approché sérieusement la firme Audi. Michèle ayant eu vent de ces contacts, se mit dans la tête que son contrat n’aboutirait jamais à une signature. Audi ne se manifesta d’ailleurs plus auprès de notre pilote durant 2 bons mois.

audi-michele-aaf28Michèle était de toute façon assurée de garder un volant chez Fiat, même si on restait dans la catégorie des championnats d’Europe.

Puis les rebondissements se multiplièrent. Mikkola gagna le rallye de l’Algarve au Portugal en 1981. Röhrl annonça son passage chez Mercedes, et Audi recontacta Michèle comme par miracle.

C’est ainsi que Michèle Mouton dut faire un choix douloureux. Choisir un volant de Championnat du monde des rallyes sur terre chez Audi ou rester fidèle à l’amitié qui la liait avec Fiat-France, mais en championnat d’Europe, sur route, et sans engagement écrit.

On ne quitte pas ainsi son team, Fiat, et tous ses amis.

audi-michelefabrizia-aaf30La décision, vous la connaissez, on vous passe donc les détails. Sachez toutefois que Michèle téléphonera à Walter Röhrl, pour avoir son avis sur la Quattro, qu’elle avait déjà essayée sur quelques kilomètres. C’est lui qui lui donnera les derniers arguments pour reprendre rendez-vous avec les allemands. Et lui ? Pas tenté ? Si, bien entendu. Mais il préférait répondre présent à Mercedes à l’époque, qui lui offrait un contrat à vie… Voici un extrait de leur conversation téléphonique de l’époque : « Hello Michèle, n’hésites pas. Tu ne retrouveras jamais une occasion comme celle-ci. La Quattro est un engin remarquable, tout à fait nouveau. Elle n’a qu’un point délicat, elle demande une conduite spéciale en raison des 4 roues motrices. Elle se pilote à la fois comme une traction et comme une propulsion car elle a ces deux réactions. En plus, il y a un turbo qui se déclenche trop haut, et pour garder la puissance, il faut freiner avec le pied gauche en conservant le droit sur la pédale d’accélérateur. »

La suite ? On ne vous fait pas l’affront de vous la raconter, ou peut-être une autre fois, car nous devons également rendre hommage à d’autres pilotes féminines… et laisser de la place pour quelques photos, enfin, seulement si vous insistez. Nouveau départ, nouveau défi, nouveau team pour Michèle, et surtout, nouvelle co-équipière, Fabrizia Pons, que nous n’oublions pas ici dans ces quelques lignes, et qui fut sa fidèle et très efficace co-pilote durant son passage chez Audi, une aventure qu’elles vivront toute les deux à une allure folle, en évoluant au même rythme.

caly-2caly-3D’autres prénoms très féminins marqueront de leur sonorité notre marque préférée à cette époque des eighties. Tiens, Cathy Caly par exemple, championne de France en 1985 , qui participera au championnat 1987 de division 2, sur une Audi Quattro très très rose. En début de saison, Cathy découvrira son Audi et aura d’ailleurs quelques soucis de démarrage au départ, avec son moteur turbo plus délicat que celui de sa rivale, Carolyn Boniface, sur une BMW 325i 4×4, à moteur atmosphérique plus souple.

caly-4L’Audi Quattro de Cathy a été préparée par Lionel D’Hondt en Belgique, et devra encore faire l’objet de quelques réglages pour faciliter les départs avec une pression turbo plus importante. Nous sommes naturellement ici dans la catégorie rallycross. Oups, pardon, j’avais oublié de préciser peut-être.

kotu-2Frauen im Motorsport, c’est aussi Susi quattro, ou plutôt la suédoise Suzanne Kottinsky-Ahlin et son Audi 200 Quattro groupe A, en rallye sur l’Allemagne, 2 ans à peine après que Michèle Mouton, qu’elle admire beaucoup, ait décroché le titre avec une 205 turbo 16. Nous sommes en 1987.

On pourrait vous parler également de Tamara Vidali, qui se distinguera comme pilote au sein du Team de l’usine lors de la saison 1995 sur une Audi A4 Quattro, dans la Touring Car Championship.

Toutes ces graines de championnes éveilleront l’envie de vocations. De nombreuses écoles formeront des co-pilotes féminines, comme à la ADAC-Rallye-Schule.

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Les exemples ne manquent pas. Et la passion et l’intérêt des femmes pour le sport automobile et la conduite de bolides ne datent d’ailleurs pas d’hier, comme le confirme cette photo datant de 1969, prise à Ingolstadt, à l’occasion d’un rallye jubilé d’Audi 60, pour fêter les 60 ans d’Audi. Le vainqueur gagnait une Audi 100 LS.

La tradition sportive chez Audi se déclina au féminin avec succès, grâce à de grandes personnalités de femmes pilotes et co-pilotes.

Un dernier mot à propos d’une épouse remarquable, Elly Rosemeyer qui écrira en 1938 un livre passionnant sur le parcours et la carrière de pilote de son mari. « Mein Mann, der Rennfahrer » Certain que ses victoires, c’est aussi celles de Elly, qui sera toujours à ses côtés et s’impliquera dans la carrière de son mari avec passion et amour.
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On espère faire d’heureuses rencontres lors des 25 ans de la Quattro à Ingolstadt. Mesdames, bravo à vous qui avez su prouver que la compétition automobile n’est pas seulement un sport d’homme.

Patrick

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