Les limousines de Frizet…

Au commencement, il n’y avait rien !

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Aujourd’hui, ce n’est d’ailleurs plus qu’un tout petit hameau, une superbe ferme au pied d’un vallon, un Ravel qui ne fait que passer au milieu de cette campagne namuroise, et quelques anciennes maisons, dont certaines ont été cruellement livrées aux affres du temps, et surtout les ruines d’une église abandonnée, siège, autrefois, de la plus importante paroisse de la région, dont dépendaient Champion, Vedrin, Daussoulx, Saint-Marc, Cognelée et Warisoulx.

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Pour tous ceux qui ne sont pas partis en vacances cette année, pour tous les curieux, pour tous ceux qui comme Proust pensent que le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux, il m’est venu l’idée de partager avec vous l’histoire de Frizet …, en y invitant deux stars de la marque aux 4 anneaux, qui ont marqué elles aussi un morceau de l’histoire …celle d’Audi, deux modèles qui ne courent pas les rues et qui restent dans notre cœur de passionnés, pour toujours.

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Il était une fois, Frizet

Hier comme aujourd’hui, Frizet est un endroit magique, paisible, ressourçant, qui invite à y faire une pause. Les limousines ajoutent à cette quiétude dont je me régale à chaque fois que j’y passe en vélo.  Faut-il toujours partir loin, avec des last minutes ou dans des complexes hôteliers de luxe peu respectueux de la nature et de la population locale,  pour être dépaysé, émerveillé, ressourcé ?

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Confucius écrivait : le plus grand voyageur est celui qui a su faire le tour de lui-même. A Frizet, assis sur un banc, au Calvaire, avec comme unique bruit de fond le ruisseau, je rêve souvent en compagnie de jolies vaches à la robe brunes, de trouver le courage et la force de tout changer, de refaire le monde. Commençons notre découverte par la pièce maitresse de ce morceau de douce campagne namuroise, à savoir  l’église Saint Martin, et la présence en avant plan d’une urquattro 20 valves. Le décor est planté, enfin presque…

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L’église Saint-Martin

Ce n’est plus aujourd’hui que des ruines, au creux de la vallée du ruisseau de Frizet, sur les anciennes communes de Vedrin et Saint-Marc, mais le site reste plein de magie et de charme. Cette église est un des plus anciens vestiges du Namurois. Elle daterait du 16ième siècle. C’est d’ailleurs incompréhensible de la voir dans cet état d’abandon, depuis plus d’un siècle ! Bien que classée en 1958, elle n’a jusqu’à aujourd’hui bénéficié que de trop peu de soins. Quelques passionnés tentent bien de sauver cette rare richesse architecturale, ou plutôt de la sauvegarder, mais cela prend du temps et demande beaucoup d’énergie et d’argent. A ce jour, on a désherbé et sécurisé le site qui menace de s’écrouler.

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Nous ne pouvons pourtant que rester admiratifs devant son chœur gothique polygonal (à 5 côtés), le dessus du porche d’entrée de 1773 et son avant porche de 1831, ses 3 nefs de 5 travées, les pierres tombales du cimetière, les socles octogonaux des colonnes rondes, l’encadrement ogival des fenêtres, …sans oublier son époque classique, avec la 5ième travée et ses collatéraux.

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Cette église en moellons calcaires, aujourd’hui à ciel ouvert,  aurait été l’église-mère du grand Namur. Rendez-vous compte, elle fut citée pour la première fois en 1198. Elle est certainement plus ancienne encore, puisque le christianisme aurait commencé chez nous au cours du VIIième siècle. L’implantation de ce monument religieux va révolutionner les habitudes funéraires de nos ancêtres, puisque le cimetière, jouxtant l’église Saint Martin de Frizet, va mettre un terme à l’enterrement de nos morts en plein champs.

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La découverte d’un hypocauste romain à l’intérieur des ruines nous prouve que le lieu est occupé depuis toujours. Mais vers 1890, la population ne cesse de croitre dans la région. De nouvelles paroisses voient le jour, et volent la vedette à l’église de Saint-Martin, devenue trop modeste. La guerre 14-18 ne fera rien pour enrayer la désaffectation de ce lieu de prières, ni des querelles de revendication de la propriété de l’église, curieusement construite sur la limite entre deux communes précédemment citées. Ce joyau fut aussi peu à peu dépouillé de ses richesses, de son mobilier, de son bois, de ses pierres de tailles et de son carrelage au fil des années du siècle passé.

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Devant ce lieu exceptionnel qui plonge dans les racines du christianisme et qui à première vue n’a l’air de rien, la urquattro 20 valves prend la pose. Elle date de 1991, un des derniers exemplaires belges entièrement d‘origine, premier propriétaire, qui nous vient de la région de Charleroi. Toute de blanc vêtue, cet ange est devenu rare de nos jours, puisque produit à seulement 700 exemplaires sur une courte période de deux ans seulement, à partir de la fin de 1989. Notre urquattro dernière génération pose à Frizet, en toute simplicité, devant le porche d’entrée des ruines,  situées à 100 m d’altitude. Le clocher de l’église et son toit ont disparu.

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Bien que dans son jus, la voiture est en état appréciable et le moteur 5 cylindres type RR équipé de la fameuse culasse 20 soupapes et de l’injection Bosch Motronic tourne comme une horloge et délivre à coup sûr ses 220 chevaux de l’époque. Pour rappel, en moins de 6 secondes, vous êtes déjà à 100km/h. Le couple est gigantesque et les poussées impressionnantes, et ce malgré son catalyseur à trois voies.

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En comparaison des précédents modèles de la gamme urquattro, pas de changement radical au niveau esthétique, si ce n’est un petit volant Nardi au logo Audi Sport, un tableau de bord digital orangé et des sièges mi-cuir mi-tissu propres à la 20v.  Tout fonctionne à merveille, un miracle 🙂

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La ferme

Sans doute construite en partie sur l’ancien domaine royal de Charles le Chauve, cette ferme en moellons calcaires ne peut cacher son aspect fortifié. Autrefois, elle était le siège d’une seigneurie de la cour féodale de Marbais.

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Aujourd’hui, cette ferme en quadrilatère est toujours en activité, même si ses bâtiments modernes, plus commodes pour l’exploitation quotidienne, ont été soigneusement placés un peu plus haut, pour ne pas gâcher la beauté de ce site millénaire, classé site agricole et visible depuis la citadelle de Namur.

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C’est devant son porche d’entrée classique datant du XVIIIième siècle que pose un joli roadster Auto Union 1000 SP un peu plus récent, puisque fabriqué en 1964. Cette notre deuxième ange de la journée, bien que vêtue non pas du blanc habituel, mais d’un rare bleu se mariant à souhait avec son intérieur beige. Destiné au marché suisse, ce cabriolet coule aujourd’hui des jours heureux en Belgique.

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Derrière un des 1640 exemplaires construits par DKW, on aperçoit la magnifique cour intérieure de la ferme, toute pavée. Plusieurs bâtiments d’époques différentes complètent, au loin, le corps de logis traditionnel du XVIIième siècle, avec notamment les porcheries, des caves creusées dans la roche, une tourelle d’angle circulaire, un ancien four, la grange en long de 1699, les étables, et le fenils.

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A l’époque, un moteur 3 cylindres 2 temps de 981cc développant 55 chevaux était qualifié de sportif. Pour vivre des sensations fortes, il suffisait de pousser l’engin à une vitesse maxi de 140 km/h, en quatrième. Bien que non équipé de coupe vent, ce cabriolet 1000 SP au style américain mais à la taille européenne reste confortable à vitesse raisonnable, une fois la capote ouverte.

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Notre 1000 SP est équipé du lubrimat, pour le graissage automatique du moteurs 2 temps, équipant les voitures à partir de 1961 et évitant enfin au propriétaire la tâche délicate du mélange huile essence, permettant aussi  une économie de carburant non négligeable, sans oublier un nuage bleu de fumée moins important.

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Dans un état de conservation assez remarquable ; premier propriétaire, et svp, premier prix de beauté remporté en 1998 à Bern! Sous tous les angles, il faut reconnaître que ce cabriolet est en effet superbe. On comprend l’engouement des amateurs d’aujourd’hui qui se battent pour en acquérir un, même à restaurer. Cette Auto Union 1000 SP est un cadeau d’un commerçant suisse pour son épouse. Ni plus ni moins!

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Le véhicule n’a pas pris une ride. Il est splendide et le rêve est intact. La qualité de fabrication est irréprochable et cet exemplaire, un de ceux qui furent  produits entre 1960 et 1964, a traversé ses 45 premières années de vie de fort belle manière, ma foi ! Elle est aussi dans son jus, tout comme la urquattro 20v. Entre ces deux modèles aux 4 anneaux présents à Frizet, 27 années se sont écoulées!

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On retrouve également la urquattro 20 valves, qui ne se prive pas non plus pour se la jouer  top modèle devant cette extraordinaire ferme, spécialisée dans l’élevage naturel de la race limousine. On en reparle tout de suite ! Quoi, vous n’avez tout de même pas pensé à une Audi V8 version longue… 🙂

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La chapelle

A 50 mètre de l’église, la Chapelle Saint Roc, ou Chapelle du Saint Sacrement, est toute  carrée, et date de 1826.

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Elle a été construite en moellons de calcaire,  à l’initiative du curé de la paroisse, Martin Joseph Rase. Remarquez sa façade néo-classique en pierres bleues et sa porte, entourée de deux pilastres à chapiteaux corinthiens!

Le calvaire

Dominant la vallée, et juste en face de l’église Saint-Martin, à côté de la ferme, sur une pente du coteau, ce calvaire (chapelle ouverte datant de 1905) du vieux Bon Dieu qui en a vu de toutes les couleurs (vandalisme, tempêtes, attaques du temps) est maintenant restauré.

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Le grand Christ en bois blanchi datant du XVIième siècle, est aujourd’hui conservé à l’abri, dans l’église de Vedrin. Il a été remplacé depuis avril 2009 par un Christ plus grand, œuvre d’un artiste local, Guy Leclercq. Un Christ de Rédemption qui partage l’espace avec de vieux charmes.

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Aujourd’hui lieu de repos pour les touristes et les randonneurs,  il était de coutume de se rendre au calvaire, dans les temps passés,  pour y demander la protection du Seigneur contre la famine, les guerres et la maladie. Il fait bon y flâner, et s’installer sur le banc pour dévorer en été un bon livre,  à l’ombre des arbres, sous les yeux curieux de nos adorables vaches limousines. La vue est splendide, reposante. L’esprit s’évade !

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L’école des arcades

Le cachet de cette demeure devenue aujourd’hui privée est sans pareil. Nous sommes fiers d’immortaliser notre 20v devant ces magnifiques arcades. Une date est apposée en façade de la maison, 1834, mais la construction est sans doute antérieure. Le curé de Frizet avait en effet acheté tout le site pour y construire entre autres choses une école de charité, à quelques mètres de l’église. Cette fameuse école qui accueillit tous les enfants des familles d’ouvriers de la paroisse est aujourd’hui nommée la maison aux arcades.

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Cloître, prieuré, école, habitation privée, que d’affectation et de services rendus. Aujourd’hui entièrement restaurée, elle est plus belle que jamais.
Autrefois, une superbe pelouse s’étendant jusqu’au ruisseau, permettait aux enfants de s’y détendre et de s’y amuser. Aujourd’hui, une étroite rue longe la façade de la maison, la pelouse et les jardins de la paroisse ont disparu.

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En effet, avant l’actuel Ravel de la Croix de Hesbaye, piste qui ne manque d’ailleurs pas de charme, on avait perturbé l’équilibre enchanteur de ce site en construisant la ligne de chemin de fer n° 142, reliant Namur à Hoegaarden, à partir de 1867. Frizet a même eu une petite gare.

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Si vous décidez un jour de vous perdre à Frizet, vous tomberez forcément aussi sur l’ancien presbytère, belle construction classique de la fin du XVIIIième siècle, précédée d’un mur, près de l’ancien passage à niveau, ainsi que sur quelques maisons ayant échappé au tracé du train. On doit tout cela au curé Rase qui y fit fonction durant 50 ans, nommé par l’université de Louvain, en 1780.

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Il a marqué le site de Frizet à jamais, c’est certain, même si le train à vapeur a tout chamboulé! Son jardin autour du presbytère était de toute beauté et faisait sa fierté. Il y avait aussi des annexes, écurie, appentis, un lavoir, une cascade et des bocages sur plus de 3 ha, des allées d’arbres, sans oublier, dans les bois des Tombes, non loin, une grotte.

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Le presbytère sera occupé par des carmélites françaises à partir de 1903 et un aumônier occupera la nouvelle maison du calvaire qui aujourd’hui est tristement en ruine.

Les limousines

Que de verts pâturages,  généreux  et appétissants pour nos limousines. La quiétude de ce paysage enchanteur, nos vaches l’affectionnent tout particulièrement, étant de caractère, peureuses, nerveuses, craintives.

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Mais cette race bovine française originaire de Limoges a bien des qualités qui justifient sa présence à Frizet.  Notons entres autres son vêlage facile et son instinct maternel élevé, sa sobriété aux prés en tirant toute l’énergie de chaque aliment, sa rusticité bien connue,  qui facilite son élevage dans nos contrées au climat humide et parfois rude en hiver, sa longévité et enfin un atout majeure, la qualité gustative de sa viande haut de gamme, tendre, goûteuse, savoureuse à souhait, pleine de finesse et de couleur, peu grasse,  gavée de bonne herbe fraiche.

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Bref, les limousines de Frizet, ce ne sont pas des Audi  haut de gamme pour personnalités importantes, mais bien une  ancienne race présente depuis bien longtemps dans nos contrées. Dans les grottes de Lascaux, on les découvre déjà sur des fresques, prouvant qu’elles passaient toute l’année dehors, en plein air.

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Peu habituée à l’homme, je le perçois immédiatement à la nervosité des mères lorsque nous plaçons nos anciennes Audi à proximités du troupeau et des jeunes veaux, sur l’unique petite route de Frizet, près des abreuvoirs. On va faire vite pour la photo souvenir.

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L’étang et les mines de plombs

Le hameau recèle encore de nombreuses traces d’activités humaines, comme les anciennes  mines de plomb et de pyrite de Vedrin, l’usine chimique de St-Marc, aux limites de Saint Servais, mais aussi quelques maisons qui dépendaient des mines, liées à l’exploitation d’un fourneau à plomb, en contrebas de l’étang, près des bois des Tombes.

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Cet étang, aujourd’hui privé,  était une véritable réserve d’eau pour le fourneau à plomb.

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A partir de Saint-Marc donc, par les chemins « Su l’Tidge » et « Al Tchode Ewe », en direction du minuscule hameau de Frizet, on accède en effet à un étang bien caché par la végétation. Al Tchôde Ewe… à l’eau chaude rappelle que nous sommes, à Frizet,  juste à côté d’un site industriel qui a commencé l’exploitation d’un filon de plomb vers 1612.

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Sur le toit de la cathédrale de Reims, on pouvait encore voir d’anciennes plaques de plomb estampillées « Vedrin ».  200 ouvriers furent occupés dans les carrières jusqu’en 1946.

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Le réseau d’innombrables galeries de ces mines sont devenues naturellement, mais grâce à des techniques modernes, un énorme collecteur d’eau potable exploité par la société des eaux (Vivaqua) pour alimenter notamment Bruxelles, car depuis toujours, en raison de puits descendants  jusqu’à 150 mètres de profondeur, ces mines de plomb étaient souvent inondées, imaginez le travail des mineurs dans ces conditions misérables.

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Le matériel, les cages pour descendre, les galeries, dont certaines avec traverses de chêne et boisages anciens, sont parfaitement entretenues, avec rails, aiguillages, berlines / wagons intactes.  Un trésor souterrain avec de nombreuses concrétions minérales et un intérêt archéologique et géologique!

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Les nappes d’eau ont toujours été nombreuses. Une station de pompage construite sur le site des mines de Vedrin filtre l’eau et enlève le fer avant de la distribuer sur le réseau (jusqu’à 34.000 m3 par jour).

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Salut les filles…

Ces sympathiques vaches limousines, qui broutent tranquillement dans ce décor idyllique de Frizet, me font à chaque fois craquer. Je ne peux m’empêcher de leur lancer un « Salut les filles » à chacun de mes passages, que ce soit à vélo, à pieds ou en voiture.

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Un petit bout de nature à l’état pur que je souhaitais partager avec vous tous. Mais aussi redire à nouveau qu’être passionnés par les anciennes voitures, cela ne veut pas dire être peu respectueux de notre environnement, de la nature, des animaux, de la faune et de la flore qui cohabitent avec nous tous, de notre histoire locale, si passionnante et riche d’anecdotes en tout genre.

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J’espère avoir pu convaincre ceux qui parfois entretiennent un peu trop vite des préjugés injustes à notre sujet. J’espère aussi avoir éveillé en vous l’envie de nous faire partager votre petit coin de paradis à vous, en allant y faire quelques clichés de votre Audi, en prenant la plume pour tout nous raconter.

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Frizet… ma campagne, mon refuge à moi…Laissez-moi  rêver que ce vallon, ce bout de nature où le temps me semble faire une pause bénéfique dans ce monde qui va trop vite, que ces vaches limousines si généreuses, que le rire des enfants à vélo sur le Ravel, que  le gazouillement des oiseaux posés sur les arbres autour du Calvaire, que le secret des pierres de l’Eglise de Frizet,…  pourvu que ce magique mélange d’histoire et de nature soient encore là demain, dans 20 ans, 50 ans, 100 ans.

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Je ne suis qu’un invité de passage sur cette terre namuroise, mais je nourris sincèrement l’espoir que la force de la nature qui a le droit de reprendre certains de ses droits, et la sagesse des hommes, assureront la continuité et la perpétuité de ce bout de paradis terrestre pour longtemps encore, tout comme nous nous efforçons de sauver le patrimoine automobile de notre marque préférée.

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C’est moins important sur la ligne du temps de notre humanité, certes, mais cet intérêt de compréhension du passé, quel qu’il soit, prouve notre intérêt pour construire un avenir raisonnable et viable, que nous comprendrons et soutiendrons, un monde de retour vers l’authenticité, un monde qui tournera enfin rond.

Pat

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