Brussels Retro Festival 2007

19-21/10/2007

2 marques sur un stand commun célèbrent les fondatrices de la Formule 1

Voilà bien une petite foire, si on la compare à Essen, ou même au traditionnel salon auto du début de l’année, puisque seulement 2 halls sont occupés. Mais le plus professionnel et le plus attrayant des stands était bien là, celui partagé entre Audi et Mercedes avec leurs perles du passé. Promesse tenues donc, par la firme d’Ieteren, dont nous vous livrons ici, un extrait de leur dossier de presse, illustrés par les photos de nos membres, Alex et Arnaud!
Grande première donc, puisque 2 marques – Audi et Mercedes-Benz – habituellement concurrentes, ont uni leurs efforts pour présenter des voitures de course exceptionnelles qui les ont mises ensemble à la pointe de la notoriété il y a ¾ de siècle : les fameuses « flèches d’argent ». Les « Silberpfeile » des années 30, avec un splendide dessin en arrière plan. Elles n’étaient pas toutes seules, comme certains membres de notre club Audi-Heritage ont pu s’en apercevoir sur place. Voyez vous-même, les dignes représentantes des 4 anneaux:

* Une Wanderer W25K roadster de 1938, superbe !
* Une Horch 853 A cabriolet 5 places du carrossier « Gläser » – Dresden de 1938, majestueuse !
* Une DKW F1 roadster de 1931 (le F de Front = traction avant), déjà présentée par le club au casino de Spa, unique !
* Une Audi UW 225 « Front » roadster du carrossier « Erdmann und Rossi » – Berlin de 1934, la classe !
* La fameuse Auto Union Grand Prix Typ A (16 cylindres) de 1934, la vedette !

et…

* La toute nouvelle Audi R 8 dans sa robe argentée…l’impressionnante héritière!

Mais revenons sur les vedettes :

Pour la première fois depuis 1939, le public belge a pu voir l’une à côté de l’autre une Mercedes et une Auto Union de Grand Prix. Elles furent présentées comme jaillissant de la courbe Nord du circuit mythique de l’AVUS à Berlin devant un agrandissement géant de la superbe affiche sur le même sujet que Pierre Englebert a dessinée pour l’occasion. Véritables « Formule 1 », avant que cette catégorie ne soit créée en 1950, elles rappellent cette époque héroïque où les « Grands Prix » remplissaient plusieurs pages des quotidiens pendant près d’une semaine et où ceux qui les pilotaient étaient traités en héros.

La première « Flèche d’Argent » : 750 kg tout juste !

En octobre 1932, l’AIACR, l’Association Internationale des Automobile Clubs Reconnus, l’ancêtre de la FIA d’aujourd’hui conviennent de créer un cadre précis pour les voitures participant aux compétitions les plus prestigieuses : les Grands Prix ! Ce sera la célèbre formule des 750 kg. C’est en effet le poids maximum autorisé – sans pneu ni liquide – des monoplaces admises au départ. Pour le reste, la cylindrée, le carburant, la suralimentation sont libres !

Pressentant le pouvoir de conviction extrême que des victoires dans ces grands prix donneront aux marques qui les remporteront, Ferdinand Porsche, qui a fondé son propre bureau d’ingénieur en 1931 à Stuttgart, conçoit une voiture révolutionnaire, la P-Wagen, et la propose au groupe Auto Union.

Depuis la Coupe Gordon Bennett de 1903, les voitures courent souvent sous les couleurs de la nation de leur constructeur : vert pour la Grande Bretagne, rouge pour l’Italie, bleu pour la France, jaune pour la Belgique, … et blanche pour l’Allemagne. Le génial Porsche demande à l’Automobile Club d’Allemagne s’il est possible de changer cette couleur pour le gris métal. Ce sera accepté et Porsche présente une voiture en aluminium … non-peint ! Sa carrosserie fait ainsi l’économie d’un petit kilo de peinture et, au pesage, la voiture passera tout juste sous la barre fatidique des 750 kg.

L’Auto Union Typ A de juillet 1934

Ferdinand Porsche a observé que le seul élément d’une voiture dont la masse varie pendant une course est le réservoir de carburant. Jusqu’alors, on l’a toujours placé à l’arrière des voitures où il modifie l’équilibre de l’auto au fil des kilomètres. Porsche part d’une feuille blanche et installe le réservoir au centre de l’empattement sur un châssis-échelle formé de deux tubes d’acier extrudé de très gros diamètre. Il ne lui reste alors que deux espaces libres, l’avant et l’arrière, pour y installer respectivement le pilote et le moteur.

Avec 25 ans d’avance, il crée ainsi l’épure de ce qui deviendra dès 1959-60 l’architecture uniforme de la Formule 1 et de l’immense majorité des autres voitures de course en circuit.

Son moteur fait aussi partie du club très fermé des moteurs de légende tant par leur conception que par leur performance et ici aussi par leur fiabilité : un 16 cylindres en V de 4,4 litres à compresseur. Les 295 CV qu’il délivrait au départ propulsaient la voiture à près de 300 km/h pour autant qu’elle soit conduite par un pilote de tout grand talent.

Elle fut suivie de la type B en 1935, de la Typ C en 1936 et 37 qui verra la puissance dépasser les 600 CV avant que la formule des 750 kg ne laisse la place à celle des 3 L de cylindrée pour laquelle le Professeur Eberan von Eberorst concevra la Typ D au moteur 12 cylindres.

6 années de légendes

Pour beaucoup d’amateurs, les grands prix de 1934 à 1939 représentent une des plus belles périodes de l’histoire extraordinairement riche du sport automobile mondial.

A elles seules, les Flèches d’Argent remporteront 35 grands prix internationaux : 17 pour Mercedes et 18 pour Auto Union ! Elles ne laisseront que des miettes à leurs concurrentes italiennes, anglaises et françaises.

Les voitures saxonnes seront pilotées par des hommes dont le talent et le courage inspirent encore aujourd’hui respect et admiration : ce sont les Stuck, Rosemeyer, Müller, Hasse, Varzi, Nuvolari, von Delius et Momberger.

Unique au monde !

L’Auto Union Typ A exposée au BRF est dans la configuration exacte de celle qui gagna le Grand Prix d’Allemagne au Nürburgring le 15 juillet 1934 dans les mains de Hans Stuck Sr. Elle a été patiemment reconstituée grâce aux plans originaux et à plusieurs centaines de photos d’époque. Cette voiture unique au monde est une des plus belles pièces de la D’Ieteren Gallery de Bruxelles.

Pendant la seconde guerre, hormis une Typ C à la carrosserie découpée qui était exposée au Deutsches Museum de Munich, une bonne quinzaine d’Auto Union de Grand Prix survivantes seront rangées dans les garages d’une villa du Nord de Zwickau, à quelques centaines de mètres des usines Horch et Audi. C’est là que l’Armée Rouge les découvrira en septembre 1945 et les emportera pour les donner à quelques universités techniques de l’Union Soviétique. Depuis, seules 4 d’entre elles ont été retrouvées et restaurées.

Une seconde Auto Union de Grand Prix sur le même stand

Une autre surprise attendait sur le stand Audi les 30.000 visiteurs du Salon: une Auto Union Typ C cette fois, dans la configuration de la gagnante du Grand Prix d’Allemagne du 26 juillet 1936 aux mains de Bernd Rosemeyer … mais à l’échelle de 1/8ème ! D’une finesse ahurissante, elle est l’œuvre d’un autre artiste, Martin Schröder, qui la propose en toute petite série pour le prix … d’une Audi A4.

75 ans de cette formidable union

Les 19, 20 et 21 octobre ont vu se clôturer au Heysel l’année des ¾ de siècle de la fondation d’Auto Union caractérisée pour toujours par le sigle que portent aujourd’hui fièrement toutes les Audi. Ces quatre anneaux entrelacés symbolisent d’une façon aussi simple qu’expressive la fusion le 29 juin 1932 de 4 marques originaires de Zwickau et Chemnitz, deux villes de Saxe, cet état d’Allemagne qui fut un leader de l’industrie automobile d’outre-rhin entre les deux guerres.

Audi, DKW, Horch et Wanderer décident alors de partager leurs technologies et un réseau commun de distribution sous le nom parfaitement évocateur d’Auto Union. Ex aequo, avec Opel, en tête des ventes en Allemagne, elles y représentent environ une voiture sur 6 et cela malgré que l’on compte plusieurs dizaines de marques dont 20 rien qu’en Saxe !

Pour dédier le stand à chacune d’elles, le stand a présenté un modèle d’exception provenant de la plus grande collection au monde, hors Allemagne, d’Auto Union d’avant 1940 : la D’Ieteren Gallery.

Audi, créée en 1909 par August Horch qui a été remercié de la société qui porte son nom, est une marque raffinée et sportive. Audi, qui signifie « entend ! » en latin n’est autre que la traduction dans cette langue de l’Allemand « Horch ». Elle sera acquise par DKW en 1928 au moment précis où cette dernière, leader mondial de la moto, se lance dans la production d’automobiles.

DKW produit des tracteurs à vapeur dès 1907 et ensuite des machines à vapeur comme jouets d’enfant avant de devenir le leader incontesté des moteurs 2 temps. Elle produira jusqu’à une moto sur 5 dans le monde ! Dès 1931, ce sera aussi la première marque d’automobiles au monde à produire en grande série des voitures à traction avant.

Horch est fondée en 1899 et deviendra dans les années ’30 le plus grand spécialiste de la voiture de luxe en Allemagne avec jusqu’à 50% de part de marché dans les voitures de plus de 4 litres) ainsi qu’un fabriquant renommé de camions.

Et enfin Wanderer qui commencera par des vélos en 1895 (de là son nom qui se traduit par « baladeur ») pour continuer par des machines à coudre et à écrire avant de se lancer dans les motos et enfin dans les voitures en 1912.

Des destins très variés !

Au début de la deuxième guerre, Audi et Wanderer cessent de produire des véhicules et deviennent sous-traitants de DKW et Horch qui poursuivent leurs productions spécifiques.

A la fin des hostilités, le communisme imposé en Saxe par les Russes rend rapidement impossible la poursuite de la production de voitures de luxe et le gouvernement de la RDA décrètera qu’en parallèle avec ses camions, Horch produira la « Volkswagen d’Allemagne de l’Est » : la Trabant !

Le sort de DKW va, quant à lui, être déterminant pour l’histoire qui nous occupe! Une bonne partie des forces vives de la marque quitte Chemnitz et Zschopau pour fuir le communisme et relance la production le 3 septembre 1949 à Ingolstadt. Pendant une dizaine d’années, leur maîtrise exceptionnelle de la technologie 2 temps apportera à leurs produits un succès mérité par leur qualité autant que leurs performances dynamiques. Mais l’élévation constante du niveau de vie verra la clientèle se détourner progressivement de ces voitures au bruit différent et au petit plumet bleuté sortant de leur échappement.

Tout en commandant à DKW d’assembler des Coccinelles afin d’occuper les capacités de production qui ne sont plus utilisées par les DKW boudées par le public, Volkswagen rentre dans le capital de la marque bavaroise ainsi que Mercedes-Benz. En septembre 1965, le dernier modèle de DKW, la F102 est équipée d’un moteur de 1,7 litres développé chez Mercedes mais à 4 temps cette fois. Il sera commercialisé sous le nom d’Audi 60.

Cette voiture conservera la devise de DKW : l’avance par la technologie mais portera désormais la marque Audi tout simplement parce que c’était la seule des 4 anneaux qui avait produit des voitures à traction avant équipées de moteur à 4 temps !

Elle permettra à Audi de naître une seconde fois pour arriver aujourd’hui à faire partie de la cour des grands !

L’héritière des flèches d’argent : l’Audi R8

Quelle plus belle héritière que la toute récente Audi R8 pouvait-on trouver à l’Auto Union de Grand Prix pour couronner ce stand ? Elle pénètre par la grande porte dans cette fabuleuse histoire et le succès qu’elle rencontre confirme sa valeur autant que la justesse de jugement et de goût de ceux qui l’ont conçue et de ceux qui ont décidé de la lancer.

Album photos ici

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