ROGER sous la loupe…

Vous le connaissez, ou plutôt, vous croyez le connaitre… !

Roger est sous la loupe, et c’est en toute simplicité, et avec beaucoup d’humilité qu’il a accepté de répondre à mes nombreuses questions, de parler du présent, du passé, et du futur !

Rien de tel qu’une bonne tasse de café, et 4 heures de tête à tête, pour avoir un peu accès à l’homme, à ses souvenirs, à celui qui reste d’une modestie aussi impressionnante que ses connaissances en matière de mécanique automobile …
Mais ouvrons le livre au chapitre premier, voulez-vous ?

Papa Missaire

Tout a commencé avant la guerre, comme l’histoire des 4 anneaux. Oui oui ! M. Missaire père est fermier et forgeron. Il a fait cependant des études en mécanique, et à la déclaration de la grande guerre, il est envoyé en captivité à Hambourg, où il travaille 5 ans comme tourneur, dans les  fabriques de sous-marins.

La libération en Jeep

A la libération, Maurice Missaire est impressionné et fasciné par ces Américains qui débarquent avec leurs Jeeps, en libérateurs. Avec sa prime de guerre, il achète d’abord un tracteur Fordson  Major tout neuf. Puis, en  occasion, dans un stock américain, sa première Jeep. Une Jeep qui suscitera des envies dans le village, dans la région… en 3-4 ans, on en voit un peu partout! C’est contagieux. L’Amérique, la liberté, les cigarettes, les chewing-gum, tous ces rêves dans une voiture ! Tout un programme.

Maurice travaille également sur différentes terres avec une Willys Jeep agricole… Son quotidien : faucher, récolter, mais aussi à la forge, faire des petits dépannages en  mécaniques automobiles  … une forge qui deviendra bien vite, un garage… pour automobiles.

En 1957, le papa du petit Roger achète sa première DKW Meisterklasse, via le distributeur Petit … on y arrive… On est tous tombé dans la marmite aux anneaux, dans notre jeunesse… dans notre enfance!

Ma première voiture, le 2 temps, pour longtemps… DKW 1000, AU 1000 SP cabrio, DKW F12

Plus grand, Roger partait également faucher avec la Jeep. A ses 18 ans, son papa lui offre une DKW 1000 d’occasion, avec un moteur cassé. Après remise en état, Roger roulera 1 an et demi avec le 2 temps.

A ses 20 ans, Roger, qui donne de sérieux coups de main chez le paternel,  reçoit une Auto Union 1000 SP de 1964, avec 30.000 kms au compteur, dans sa version cabriolet !! Nous sommes en 1970. Il fera  100.000 km de plus avec le roadster, durant 4 ans. La belle époque que voilà !

Le moteur sera complètement révisé peu avant que cette voiture ne parte, remisée, prendre une retraite bien  méritée. Roger possède toujours cet exemplaire de ses 20 ans. Il est à l’arrêt depuis 35 ans.  Un jour… il faudra penser à remettre cette fidèle amie de longue date sous les projecteurs…  à suivre…

La suivante ? Roger achète une DKW F12 grise (qui deviendra jaune plus tard). Et hop, en rallye! Son copilote est Marc, son beau frère. La voiture a sous le capot une belle préparation de 90 ch. Le moteur existe toujours !

C’est le début d’une belle et longue participation à des rallyes mémorables, et vous allez voir que les lignes suivantes ne manquent pas… d’intérêt et d’anecdotes!
A l’époque de la DKW, on organisait, entre autres, des Rallye Fusées. Un gars tirait une fusée de détresse à environ 5 km du lieu de rassemblement des voitures participantes,  dans les bois.  Équipé d’une carte, d’une boussole, et par n’importe quelle route, il fallait arriver à retrouver le lieu du tir, avant les autres. Une fois arrivé, une autre fusée était à nouveau tirée, et c’était reparti ; Roger et Patrick (dont on va parler) roulaient avec une DKW F12.

La dernière course de la DKW F12 jaune a lieu en 1977, 7ième au général, malgré un temps de chien, sous la pluie, puis la voiture sera coupée pour pièces…
On commençait à 22 heures, et 6  tirs étaient effectués par nuit. Ce type de rallye a disparu aujourd’hui, évidemment… 🙂

Une Audi presque neuve, une 80 GL

Fin 1973, Roger achète une Audi 80 GL blanche toute neuve, de démonstration. La voiture sera ensuite transformée… en GT de rallye…  pour 2 ans de grand bonheur… Son co-équipier de l’époque : Marc Petitjean!

L’histoire se répète…  puisque Roger a retrouvé une en juillet 2006 du côté d’Ingolstadt. Une Audi 80 GT qui trône dans le showroom, quand elle ne mord pas la terre, le gravier et le bitume, en rallyes (boucles de Spa 2007).

Puisque Roger roulait en 80 GL neuve, il avait revendu sa DKW F12 de 1958 à son beau frère… Ils rouleront d’ailleurs encore  ensemble en rallye. Une fois la DKW de sortie, une fois la 80 GL… Quelle affaire !!!  Mais Marc se marie, vous savez ce que c’est… Madame… et donc Marc démissionne…

Au niveau du boulot, bin oui, il faut bien travailler aussi… Roger est engagé au garage de l’Avenir, qui vendait Audi et DKW.  Il a 20 ans. Nous sommes en 1970, mais le patron perd la concession des 4 anneaux, et se tourne vers Mercedes. Roger tient encore bon 6 mois puis s’en va, … Sa fidélité  à la marque Audi…

Ensuite, il travaillera comme mécano pour Sevrain Deutz, dans le domaine maritime, 3 -4 mois, comme mécano sur des bateaux.  Mais ce n’est pas encore sa destinée.

Il finit  par atterrir à Grand Bigard, chez Comauto, qui fabrique du matériel de grue pour camion.  Il y restera 16 ans.

Mais revenons à cette audi GL, qui était une voiture de tous les jours. La voiture a 230.000 kms au compteur lorsqu’elle part faire le bonheur d’un démolisseur. Snif ! En ce temps là, en rallye, aucune norme spécifique n’était vraiment exigée, à part un extincteur ! Certains départs des épreuves se déroulaient aux alentours de 20h00, sur route ouverte !! Pas de casque, rien ! On voit même Roger, piloter son bolide, cigarettes au bec. Fantastiques images d’une époque révolue, que nous partageons avec vous !!!!!!! Déjà très étonnés de revoir les quattro des années 80 qui se frayaient un chemin à travers la foule, pied au plancher, que dire des années 70, sans  aucune mesure de protection dans l’habitacle.

La mécanique automobile ne cesse de titiller Roger. En 1976, il achète sa maison, avec en annexe, un atelier de forgeron, qui est actuellement occupé par le show room. Près de 10 ans plus tard, un garage est construit à l’arrière de la propriété, en 1985, et Roger plaque tout pour se lancer, enfin, comme indépendant, fidèle à la marque du groupe VW-Audi. Les voitures neuves qu’il vend viennent de la concession City Station à Verviers.  Son talent est enfin mis à contribution sur les Audis et VW!

Quant à Roger, il n’achètera plus jamais une voiture neuve… Au passage, notons qu’il aura bien 2-3 coupé Audi 100 s pour rouler au quotidien,  dont un superbe exemplaire bleu automatique.

Parallèlement à son travail d’indépendant, Roger nourrit une passion pour les rallyes, de tout type… Ce n’est pas nouveau, et sa rencontre avec Patrick, à l’écurie  Basse Meuse, sera décisive pour la suite de notre histoire, et de la sienne.

L’écurie ? Une nécessité pour obtenir les licences et pouvoir rouler en rallyes en Belgique. Cette écurie s’appelle actuellement  l’écurie des Steppes.

Audi 80 1300 cc

Patrick Fastré sera donc son tout jeune  co-pilote, en commençant notamment sur une Toyota  Celica . Un passage court et décevant car la voiture n’était pas assez préparée, une propulsion, toujours de travers…

Patrick tombe dans la marmite aux 4 anneaux… Une semaine seulement après ses 18 ans, il achète une Audi 80 1300 cc. On cale la boite à outils dans le coffre, et le weekend, en avant toute pour participer à des rallyes. Regardez-moi ces photos ! Une voiture bien équipée, du beau matos pour la préparer, mais « nous n’étions toutefois pas des professionnels », donc avec un budget limité, on faisait notre petit possible.  A souligner, la rareté… de voir une Audi 80 1300 cc dans un rallye. Photos inédites !!!

Ils étaient les seuls à aligner sur la grille de départ une telle voiture. La concurrence était sans faille, avec des monstres comme des Manta 400 ou des Porsches. « Mais on s’amusait comme des gamins, c’était notre plaisir à nous, après la semaine de boulot, de participer, sans se prendre la tête, en  amateurs. », nous confie Roger.

Oui, il faut le dire, malgré les petites normes de sécurité de l’époque, arceau et casque, cette voiture restait la voiture de tous les jours de Patrick, malgré les étapes spéciales qu’on lui imposait en fin de semaine ! Patrick était à l’école de carrosserie en 1977 et 1978. Patrick au volant, à 18 ans, c’était une grande révolution pour Roger. Pas le choix, il fallait faire confiance, lui offrir sa chance. Il s’est vite avéré que Patrick avait un sérieux coup de volant. « Il faut pouvoir le faire, quand on a toujours été pilote, de passer à la place du co-pilote. » Sacré Roger !

Beaucoup de coupes seront gagnées, mais comme aime à le souligner Roger, avec beaucoup d’humilité, il faudra du temps, et l’expérience… les plus belles coupes sont les plus récentes…

Les photos de cette époque formidable ne manquent pas, et quelles photos, quel cadeaux Roger nous fait-il là, de mettre à notre disposition avec tant de confiance son album photos.  Tout ne peut être publié dans notre revue, mais la mise à jour prochaine sur notre site internet fera la part belle aux photos… à gogo.

Jeep… Willys


Et dans cet album photos, on y trouve aussi d’autres marques. Roger et Patrick ont roulé en Rallye cross, notamment avec une Jeep Willis d’abord équipée d’un moteur Alfa puis qui recevra un moteur de 170 ch venant d’une Audi 200 turbo, mais aussi les freins de la 200 turbo type 43. Elle disputera les 24 heures de Fourons, ou, sur la photo, à Natoye, dans un rallye tout terrain mémorable, une course très physique : « il fallait piloter à deux, pour tenir le coup ». Malheureusement, l’abandon sera à l’ordre du jour… La Jeep existe toujours, à Visé…

Pour le fun, Roger a aussi été copilote, sur une Sirocco.

Quoi d’autre ? Mon Dieu, tant de choses, et les photos parlent d’elles mêmes… ah oui, il y avait aussi le NUT’S, de 1970 à 1977, un rallye de 250 km sur la neige, du côté d’Arlon et de Bastogne.

Vous l’aurez compris, vous le voyez, Roger et Patrick ont participé à tout ce qui a pu exister en matière de rallyes…
Rappelons que si les coupes sont nombreuses, et encore, bon  nombres d’entre elles sont au grenier, dans des caisses, elles furent remportées avec des budgets au 1/10ième des autres participants qui gagnaient. Le plus souvent.

Audi  80 GT…E

L’Audi GTE  a été acquise en occasion par Roger en 1978, uniquement pour les rallyes… Son ancien propriétaire, Jean Paul Herry de Remicourt,  n’aimait pas  rouler en propulsion. Il avait acheté l’auto neuve en 1974, une  vraie 80 GTE de 100ch et avait fait 2 rallyes avec l’Audi. La voiture était jaune. Elle fut ensuite repeinte par Roger et Patrick aux couleurs d’Audi Sport. Évidemment, le moteur reçoit 2 Weber, un arbre à came modifié, et un autre échappement, et une boite de 1300. Résultat des courses : 130ch.

L’Audi GTE a fini à la ferraille, car pourrie, mais le moteur est parti dans la GTE et l‘arceau homologué a lui aussi été récupéré ! Alors, qui roulait ? Même si la voiture était enregistrée sur le nom de Patrick, on changeait de pilote, une fois Roger, plus sur l’asphalte, une fois Patrick, sur la terre et graviers.

Comme aime le rappeler Roger, qui vit ma tête changer de couleurs et devenir blême, à cette époque, on ne réalisait pas la valeur et la rareté qu’allaient prendre ces voitures devenues mythiques. Et puis, tout gêné, il ajoute comme pour se déculpabiliser:  « elle était morte, tu sais,  au niveau du châssis… ».

Rappelons qu’à l’époque, après 25 rallyes, la caisse se laissait aller, se dessoudait, et tout pourrissait. POUBELLE donc ! On gardait les pièces mécaniques, le moteur.

La grosse Audi 80 GTE

La GTE a été achetée par Patrick en occasion. Blanche, 110 ch, héritant de la boite et arceau homologué de la GT donc. Vous suivez toujours j’espère, car c’est loin d’être fini…

Une photo de la GTE de 1977-1978, repeinte en bordeaux.

Et la grosse GTE, sur ces 2 photos ?  Celle de 1982 ! Elle avait été achetée et préparée uniquement pour rouler en rallyes. Patrick et Roger rouleront 2 ans avec cette voiture, avant de la revendre. Cette voiture existerait toujours… Équipée d’un 1600 cc, les 130 ch du moteur permettront une belle victoire à Waremme.

Audi quattro atmo : première version

Avec la grosse quattro, comme aime l’appeler Roger, 340 ch dans le ventre, on avait notre public ! Un monstre… le bruit du moteur… ça attire les regards… Mais les premières années, pour être homologué, il fallait rouler sans turbo. , et la voiture avait hérité d’un 2,3l atmo un peu préparé et atteignant la puissance de  185 ch. Jantes 15 pouces… Avec cette motorisation, la voiture était aux couleurs jaune verte rouge.

Cette urquattro, qui trône toujours dans l’atelier de Roger, est arrivée chez lui en 1992. C’était en fait une coque nue que Roger avait  acheté chez Frans Dubois.  La voiture avait fait du circuit. Roger récupère la mécanique d’une autre urquattro accidentée, dont la boite de vitesse.

Audi quattro turbo : deuxième et troisième version

Deuxième version, repeinte, turbo, petites ailes toujours.

Dans sa troisième version, rouge, turbo, 280 ch.

En 1994, la grosse quattro voit le jour, quand la règlementation le permet. A cette occasion, la voiture est repeinte en blanc. On peut dire qu’elle en a vu de toutes les couleurs cette voiture, qui est aujourd’hui rouge, dans le sens propre mais aussi figuré. Elle nous reviendra très très bientôt… Roger et Patrick y travaillent à leurs heures perdues…

La grosse quattro, version actuelle

Dans sa dernière version, elle a reçu des jantes 18 pouces, 340 ch.

Si la pluie du matin n’arrête pas le pèlerin, elle ne démotive pas davantage le rallyeman…La quattro tient la comparaison sous la pluie…(article du rallye de Soignies…)

Souvent, finalement, en tant qu’amateur, au milieu des professionnels à gros budget, notre équipage Fastré – Missaire s’en tire avec des places d’honneur, en terminant brillamment chaque saison…

« La coupe à un équipage  prometteur… Fastré-Missaire »

Roger, la fidélité… et l’amitié


« Papa, Patrick Fastré, Audi, DKW, AU 1000 SP, les Jeep,… »

« Je suis toujours resté fidèle à mon papa, qui a 91 ans. Il ne venait jamais me voir en rallye, il avait peur pour moi… »

Et puis, avec un sourire de gamin comblé, Roger avoue être heureux de pouvoir à nouveau entretenir 8 urquattro de clients. Il fut une époque où il n’en avait plus une seule. Pas de doute, cette voiture est devenue un classique, que les amateurs n’hésitent pas à confier à Roger, qui la connait par cœur !

Et demain, Roger ?


Mais de projets, Roger n’en manque pas. Il faut aussi terminer la courte, la sport quattro… et réaliser un rêve : une réplique quattro groupe 4… La grosse a repris du service au rallye des Ardennes  ces 28  et 29 mars 2008.

La GTE sera plus que probablement de la partie aux boucles de Spa 2009…

Bref, on parlera encore de Roger très bientôt, l’histoire est loin d’être finie…

Sous la loupe : Roger Missaire

Avec la participation du pilote : Patrick Fastré

Photos d’époque et articles de presse : merci à Roger de m’avoir confié son album de photos personnel si longtemps, en toute confiance !

Article et photos au garage : Pat

Articles de presse… bonne lecture, du bonheur!

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