De retour de cette fabuleuse aventure, j’avoue que je ne sais par quel bout commencer pour vous la conter. Je reconnais aussi que le travail réalisé par Christian pour vous tenir en haleine est tellement bien « ficelé » et donc précieux que j’imagine mal comment mon propre récit pourrait vous apporter quoi que ce soit.
… Mais, dans le fond,… voilà la solution, vous rappeler comment cette aventure s’est produite au travers des messages qui ont transité entre Christian et moi. Allez, en avant !!!
Pour situer le contexte, il est tout de même utile de savoir que le « Neige et Glace » est organisé de main de maître par M. Zanirolli, un ancien pilote que notre firme mère connaît bien. En effet, il fut sélectionné en 1980 par Audi qui à l’époque s’occupait majoritairement du team qui allait lancer les VW Iltis dans le terrible « Paris-Dakar » (Décidément, je vais finir par croire que cette épreuve me poursuit ;-)…).
M. Zanirolli est depuis passé maître en matière d’organisation de rallyes divers, tels la Transafricaine (= Dakar historique), rallye des Princesses (= rallye à grand succès, destiné aux dames), etc…
L’an dernier, nos amis Georges (membre du club) et Pierre (dont l’histoire de la Transafricaine fut largement contée en notre club) ont participé au « Neige et Glace » 2008 . Leur histoire m’avait alors beaucoup attiré. Je proposais alors à André de troquer notre habituel rallye de Corse pour les routes enneigées du Jura.
Pris au mot, André fut immédiatement partant et c’est avec sérieux que, très vite, avec Georges et Pierre, nous fîmes quelques réunions pour nous inspirer de leur expérience.
A ce sujet, l’édition 2008 fut très chaude pour Georges et Pierre qui s’étaient versés au « fossé ». Forts de cela, c’est avec prudence que nous avons décidés de partir en convoi avec nos Audi stars sur des plateaux !!!
Nous voilà en ce mois de février partis pour une région où l’on annonce qu’on n’a plus vu autant de neige au moins, depuis 10 ans. Chouette, c’est le but après tout!
A peine parti, je contacte Christian pour lui relater le départ et, en bon journaliste, il lance l’information sur le forum de notre site internet… C’est donc, dès cet instant, aussi le départ d’une belle aventure pour le club qui suivra, avec fidélité, nos aventures glissantes, au travers des mots de Christian :
Berry : « Une petite pensée à nos courageux représentants car vu l’heure, nos 2 équipages sont partis ou sur le point de partir par la route en direction de Malbuisson (à 900 m d’altitude dans le Jura en France près de la frontière suisse ) afin de représenter notre club bien aimé au rallye Neige et Glace… »
Un peu plus tard…
Berry : « à l’heure où j’écris ces quelques lignes, il y a seulement 50 équipages sur place (les meilleurs) sur les 94 inscrits »
En définitive, seulement 48 équipages prendront le départ. Je crois que la proximité des « Legend Boucles de Spa » (une semaine avant) et le rallye « historique de la Costa Brava » (une semaine après) explique cela…
Berry : « Ils sont en train d’étalonner. Ensuite Jacques s’enferme dans la chambre pour calculer et pour finir, ce sera le briefing »
Christian ne croit pas si bien dire. La chambre sera mon refuge pour établir quotidiennement mes calculs. Je vous assure que le travail de copilote n’est pas une mince affaire. A ce sujet, je précise que, pour une fois, j’ai préféré rester copilote durant toute l’épreuve et non pilote à mi temps comme d’habitude avec André. En réalité, j’avais pour cette édition une réelle envie de copiloter PapyAudi « au millimètre » et j’espérais de grande chose pour notre première participation. En outre, je connais mon André ! Il a un coup de volant génial en glisse et même s’il appréhendait l’épreuve, je n’avais aucun doute sur ses capacités de pilote. Aussi, pour arriver à un beau résultat, j’étais persuadé qu’il était préférable que nous soyons chacun à fond dans une seule fonction…
Berry : « Il y a beaucoup de neige et l’organisation offre une première à nos équipages car demain l’équipage André/Jacques seront les 3ème à se lancer et l’équipage George/Pierre se lanceront 4ème donc, ce sera chaud ! »
Une nouvelle fois Christian ne croit pas si bien dire. En partant devant, c’est assez déstabilisant car c’est nous, débutant en la matière, qui allons tracer le parcours…
Pour notre première journée, nous allons longer la frontière suisse et ce, sur 346 km. Avec 6 secteurs de régularité et 37 pointages. Avec cette multitude de prises de temps, vous comprenez aisément qu’il s’agira d’être juste et tout le temps. En effet, plus les prises se multiplient et moins on a l’occasion de se recaler en cas de déroute ou de doute.
Au petit matin, nous dévoilons nos autos emprisonées sous la glace. Par -8°C, les quattro semblent, à l’inverse de certaines comparses de jeu, dans leur élément.
Berry : « Croisons les doigts pour eux … ils ont déjà montré leur talent lors d’autres courses mais sur ce terrain il ont une occasion supplémentaire de montrer la valeur et la robustesse d’un quattro dans ces conditions là. Matinée difficile pour les concurrents. Pour le rassemblement de mi-journée, après une demi-heure d’attente, il n’y avait que 8 équipages de rentrés. C’est la folie là !
George a un carreau en moins et Pierre à des morceaux de vitre dans le slip mais je n’en sais pas plus. Donc à priori rien de grave. Nos 2 équipages ont fait une erreur de note mais ils se sont remis. Bref, ils perdent un peu mais ça reste bon dans l’ensemble. »
Tout est dit… mais dans l’après midi, j’hésite sur une note. Pierre, lui, ne doute pas. Résultat : la quattro amie passe devant nous. André fait alors montre d’un pilotage remarquable et il limite fortement notre retard.
Berry : « Première journée de rallye bien éprouvante pour eux. En un 4 mots : pas facile du tout ! Par contre, par rapport aux autres voitures, nos quattro passent partout. Pour se faire une idée, nos 2 quattro ont des retards de quelques minutes alors que les autres se prennent des coups par demi-heure !…»
C’est authentique et pour certains, les dégâts se paient cash ! Une Panhard pliée, une Porsche dans un arbre, une culasse cédée, etc…
Pour nos quattro tout va donc bien si ce n’est que Georges a un peu « relifté » le flanc gauche.
Le soir, un bon souper nous attend mais très vite les copilotes quittent la table pour effectuer les calculs de l’épreuve de demain. Avec Pierre, nous formons la paire. Avant tout le monde nous quittons la table et allons nous enfermer dans une chambre. Je calcule les spéciales impaires, Pierre les paires, puis nous nous recopions mutuellement. Ce travail minutieux se fait jusque bien tard … et il est temps d’aller dormir… A titre indicatif, la vie en cette épreuve commence vers 6h30 et s’achève aux abords de 23h.
Le premier soir, nous avons aussi pu nous rendre compte que les belges sont à la fête en ces lieux neigeux. Il faut savoir que Zanirolli tient à s’entourer des meilleurs pour son organisation. C’est ainsi qu’on retrouve notre talentueux Alain Lopez (copilote jouant le championnat d’Europe dans les années 80 aux côté de Colsoul, a participé à plusieurs « Dakar », vainqueur « Monte Carlo historique 2007 », mais encore vainqueur des « Legend boucles de Spa 2009 », catégorie classique) qui ici fait l’ouvreur ; notre excellent Jean-Pierre Vandewauwer (33 ans de carrière en tant que pilote émérite) ; un journaliste belge qui à la fois écrit pour la DH mais aussi, et surtout, met à jour le site internet de Zanirolli et toute une équipe d’informaticiens, belges aussi, qui assurent le calcul des résultats grâce au système « trippy » créé en notre petit pays.
Nos compatriotes sont aussi bien présents parmi les concurrents car, outre nous, M Deflandre, M Closjans, M Laval (qui gagnera l’épreuve), M Sorel, M Rorife (un des meilleurs copilotes belges à jamais), etc… tous des érudits de la discipline sont là et ne font pas de la figuration !
Voici donc déjà le deuxième jour et c’est 333 km de neige, 6 secteurs de régularité dont 35 prises de temps qui nous attendent.
Berry : « Voici les nouvelles toutes fraîches de ce mardi et les résultats d’hier ! L’équipage N°81 (Georges /Pierre) sont 5ème et notre équipage N°80 (André /Jacques) sont 6èmes. Il n’y a que 8 points qui les séparent. Bravo à eux pour ces premiers résultats. Nos 2 équipages dans le top 5 à la fin du rallye et ce serait magnifique…
La concurrence est cependant rude. Il est bon aussi de savoir que sur les 7 premières places du classement, on retrouve 6 équipages belges. »
Berry : « Voici les nouvelles de la mi-journée ….. et il y a du changement !
Pour l’équipage Georges/Pierre : il a tiré tout droit, perdu une minute, phare cassé, aile pliée mais mécaniquement tout va bien et il devrait être 6ème pour l’instant.
Pour l’équipage André/Jacques : 1ère spéciale nickel. 2ème spéciale, perte de puissance, surconsommation et problème de freins. Ils ont trouvé ce qui n’allait pas. En fait, un injecteur est carrément sorti ! Jacques a remis l’injecteur et pour l’instant ça tient. Coté freins ça a l’air d’aller aussi. Pourvu que tout cela tienne jusqu’au bout !!!!!! Jacques pense qu’ils sont pour l’instant 5ème voir même 4ème car ils ont rattrapé une Lancia qui était devant eux au classement général. Génial !!! »
Berry : « Ils rentrent au parc fermé. Ça a encore été dur … C’est serré et ils auront peut-être les résultats ce soir. Pas de dégâts cet après-midi (c’est le principal). Ils ont un concurrent direct en moins (le vainqueur de l’an dernier) car il a abandonné.
André et Jacques ont fait 3 scratch. »
Nous voilà déjà au troisième et dernier jour de l’épreuve. Cette fois, 265 km de spéciales nous attendent avec 9 secteurs de régularité et 43 prises de temps.
Aujourd’hui encore, passant en des altitudes de 900 à 1100 m et à -16°C en certains endroits, la neige et la glace nous attendent fermement.
Berry : « Voici les premières nouvelles du jour : Georges/Pierre sont 4èmes et André/Jacques sont 7èmes et les écarts sont assez conséquents.
Jacques surpris de ces résultats est déçu mais l’équipage ne dépose pas les armes et va se battre jusqu’au bout. Jacques va s’accrocher à ses notes plus que jamais. Et croyez-moi, j’ai bien senti qu’il était très motivé.
Georges est heureux et dans les commentaires de l’organisateur, il a bien été souligné que les 2 Audi étaient dans le top 10.
Dans l’ensemble, vu les résultats au bout de la 2ème journée, je leur tire mon chapeau.
Une 4ème place pour Georges/Pierre pour une 2ème participation et une 7ème place pour André/Jacques pour une 1ère participation, je trouve ces résultats super, moi. Mais comme j’ai dit à Jacques, le rallye ne sera fini que ce soir. D’ici-là, beaucoup de choses peuvent changer. Il peut même y avoir des abandons devant eux alors je croise les doigts pour cette ultime journée. »
Berry : « Salut, c’est avec déception que je dois vous annoncer l’abandon de notre équipage N°80 (André et Jacques) … Déjà, ils sont restés bloqués 6 minutes à cause d’une Lancia, mais bon, soit, notre équipage a sorti le grand jeu et a récupéré 5 minutes (c’est du 120-130 entre 2 murs de neige, sur la neige là ! ) Avant que le tirant arrière droite ne casse net ! Ils étaient remontés à la 6ème place. Dommage pour eux, mais ils nous auront fait vibrer.
On comprend qu’ils soient déçus mais, pour une première participation, ils ont fait de très bonnes choses. Ils ont mis une rallonge de racagnac tenue avec des colsons et sont sur le chemin pour rentrer à Malbuisson et mettre la voiture sur le plateau.
Par contre, il nous reste encore l’équipage N°81 (Georges et Pierre) qui eux ont des chances de podium vu que le premier au classement général vient de casser son moteur ! Donc, tout n’est pas perdu et nous croisons les doigts pour eux. »
Hé oui, ce fut une lourde déception. J’en aurai bien « chialé » mais ça fait partie de la course. André a vraiment tout donné au volant et je fus des plus concentrés. Après une jolie remontée, c’est la mécanique qui nous fit défaut et c’est, somme toute, relativement normal avec des engins de plus d’un quart de siècle.
Une fois passée cette déception, la joie d’avoir participé à une telle aventure reste la sensation principale et c’est encore avec joie que André et moi sommes redevenus spectateurs pour acclamer Georges et Pierre sur leurs derniers mètres de spéciales, d’autant qu’ils terminent sur le podium !!!
Et voici les trois premiers de l’aventure…
Le rallye terminé, nous prenons vivement le chemin du retour. Quelle fut cependant ma surprise en rentrant et ainsi en découvrant le forum de notre site aussi nourri sur le sujet… Jamais je n’aurais imaginé un tel engouement mais surtout une telle retransmission des faits par Christian.
Ce fut un grand, un tout beau rallye et il nous prouve encore une fois qu’il est temps de profiter de nos autos car elles ne demandent que cela, d’autant qu’elles sont faites pour cela.
Il en résulte certes quelques bobos mais il y a aussi des mains expertes pour les réparer et… quelque part, une auto n’est-elle pas encore plus remarquable que par le passé dont elle s’est enrichi et… son passé, c’est au présent qu’on le construit.
Avant de fermer le sujet, je voudrais encore souligner les qualités remarquables de mon pilote. J’ai passé au côté d’André trois journées entières où j’ai pu voir ce que piloter veut dire. Je ne parle pas de « conduire vite » mais bien d’être le maître de son engin et quand on atteint un tel niveau, sur la neige et la glace, la quattro est diabolique.
Pour seule anecdote, je me souviens d’un parcours où il était flagrant qu’il était impossible de dépasser la moyenne imposée tant la route était torturée, verglacée et les notes difficiles. J’avais alors fait choix de négliger le calcul des temps pour me concentrer précisément sur le chemin à emprunter. Au bout de quelques kilomètres, par acquis de conscience et avec le réflexe du mathématicien qui veut s’assurer des chiffres, j’ai vérifié le retard qu’on avait pu accumuler… Accrochez-vous : André était parvenu à prendre de l’avance. Mort de rire, je lui ai « gueulé » dans le casque qu’il fallait s’arrêter « une minute trente ». C’était en pleine spéciale. No comment!!!
Et pour finir, un petit mot d’André :
« Tout d’abord, merci à Christian pour ses rapports réguliers des infos… Pour moi, les journées qui ont précédé le départ de la première liaison, ont été très angoissantes… Mais dans la minute qui a suivi, ça s’est coupé net. Après quelques km dans la neige, j’ai pris confiance et assurance… Je pense que je suis allé très loin au-dessus de la barre que je connaissais. Ce fut un régal, le comportement de l’auto a des limites tellement hautes que je ne suis pas sûr de les connaître un jour… La conduite sur la neige et la glace en quattro est incomparable à une 2 roues motrices, mais il faut oser la risquer… »
Amicalement et pour « l’avenir du passé »,
Jacques, votre président comblé.
