Vaillante le mans GT, de la BD à la réalité

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porci82
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Vaillante le mans GT, de la BD à la réalité

Message par porci82 » 08 Août 2022, 13:32

Un doux dingue, comme on aime!!!
De la BD à la route : LA VAILLANTE LE MANS GT+

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"Les événements légendaires promettent l'imprévisible et changent le cours du destin", disait André Malraux. À chaque nouveau tome de sa légendaire série de BD Michel Vaillant, Jean Graton imaginait des aventures imprévisibles pour son protagoniste, le pilote de course Michel Vaillant. Cette longue saga de bande dessinée a joué un rôle majeur dans la vie de Marcel Sylvand, un fan de Vaillant, qui a décidé de faire rouler la Vaillante Le Mans GT.

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Marcel Sylvand devant sa Vaillante Le Mans GT

C'est en octobre 1960 que Jean Graton lance un concours de dessin de voiture dans le magazine Tintin, où les lecteurs sont invités à dessiner la prochaine voiture Vaillante "Le Mans". Les gagnants sont deux frères, Marc et Patrick Van der Stricht, et leur dessin est utilisé dans Le 13 est au départ. Dans le tome suivant, La trahison de Steve Warson, Jean Graton étoffe la voiture, qui devient la Vaillante "Le Mans GT". Et c'est cette voiture que le Français Marcel Sylvand a fini par faire revivre de la manière la plus minutieuse qui soit en 2020.

Parfois, il suffit d'un seul choc visuel pour planter une graine dans l'esprit d'un enfant. Dans le cas de Sylvand, une série de bandes dessinées a donné naissance à un rêve qui allait prendre presque toute une vie à se réaliser, inspiré par les fabuleuses aventures survoltées de Michel Vaillant, un personnage unique et toujours inégalé dans le monde de la bande dessinée.

Marcel Sylvand est né en 1955 en Haute-Savoie, dans une ville des Alpes françaises appelée Sallanches. À huit ans, dans cette petite ville de la vallée de l'Arve, il dévore l'une des rares distractions dont disposent les enfants comme lui : Le magazine Tintin, qui proposait régulièrement des histoires de Michel Vaillant. Il n'y a pas de télévision à la maison, alors il lit et relit les aventures du célèbre pilote, numéro après numéro. Dans l'une de ces histoires, La trahison de Steve Warson, Sylvand tombe amoureux des formes rondes et dynamiques de la Vaillante Le Mans GT, et il rêve de conduire un jour une "vraie" Vaillante de course.

Cinquante-huit ans : c'est le temps qu'il a fallu pour que le rêve de Sylvand devienne réalité. "Je feuilletais les pages du magazine Tintin et je me disais qu'un jour, je construirais moi-même une telle voiture", raconte-t-il. Les années ont passé et finalement, en 2020, je l'ai concrétisé." Il n'avait pas d'autre choix que de fabriquer la voiture lui-même : il n'y a pas de concessionnaires de Vaillante, un aspect typiquement français de cette histoire. Si Jean Graton avait été britannique, on trouverait sûrement une Vaillante aussi facilement qu'une MG ou une Triumph... Mais si la Vaillante Le Mans GT a finalement pu voir le jour, c'est grâce au talent et à la volonté d'un seul homme, et la route a été longue et pleine de rebondissements. En Haute-Savoie, dans les années 70, rares sont ceux qui s'inscrivent dans une école d'ingénieurs ou qui font des études : l'essentiel est de savoir se servir de ses deux mains. Sylvand, qui dans son enfance avait déjà bricolé des modèles réduits Dinky Toys, a naturellement suivi la voie de l'apprentissage technique, se lançant dans la carrosserie et la peinture automobile.

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Marcel Sylvand nous montre ses dessins de la Vaillante Le Mans GT

À la fin des années 70 et au début des années 80, une grande surprise attendait les aficionados comme Sylvand : le phénomène du hot rod s'installait jusque sur les flancs des montagnes européennes. Pas de Ford Model T à personnaliser ? Peu importe, une vieille Renault fera l'affaire. "A l'époque, on n'y connaissait pas grand-chose, mais on modifiait déjà beaucoup nos voitures. Personne n'avait maîtrisé cette nouvelle tendance. Mes amis et moi étions des pionniers." Tout se faisait en regardant les pages des quelques magazines qui circulaient à l'époque, et les pièces étaient commandées par courrier, reçues parfois des mois plus tard, accompagnées d'un mince mode d'emploi en noir et blanc, en anglais, mesures impériales comprises. Pendant 42 ans, Marcel va bricoler dans les ateliers, au travail comme à la maison : un espace de 20 mètres carrés, où un jour ses rêves d'enfant deviendront réalité.

Cette Le Mans GT nécessitera finalement 2 500 heures de travail sur cinq ans, à raison de cinq à six heures par jour. Pour comprendre l'ampleur de la tâche, il faut s'imaginer en train de construire une voiture à partir de... rien : quelques pages de BD, pas de plans, pas de mesures. Il faut inventer, adapter ou créer chaque chose, un peu comme le scénario d'un volume de Michel Vaillant. "J'étais à la retraite, et cela m'a aidé à avoir une routine organisée. Je me levais tôt pour retrouver un atelier bien rangé et équipé, et j'avais du temps libre, beaucoup de temps libre", s'amuse Marcel. Sur un plan brut agrandi par une photocopieuse, Marcel a travaillé comme Jean Graton lui-même, avec un crayon, et sans logiciel 3D. Une fois la base plus ou moins tracée, sa recherche s'est portée sur le cadre. Le donneur est une Datsun 260 Z de 1978, cuite au soleil sur les pistes, mais en excellent état. Il a aligné la carrosserie avec le plan, et bingo, il avait une correspondance ! Enfin, presque... Il a fallu rogner un peu sur le cadre japonais. Le châssis a été réduit à l'empattement souhaité, le moteur 6 cylindres en ligne à 12 soupapes a été réparé et le faisceau électrique a été refait, ce qui a laissé d'innombrables heures de travail méticuleux pour recréer tous les éléments de carrosserie restants d'une voiture... qui n'a jamais existé.

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L'ancienne 260Z utilisée comme base

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la Vaillante le mans GT en cours de création

Pour mener à bien un tel projet, il faut surmonter des difficultés considérables, un peu comme lorsqu'on escalade le Mont Blanc. Vu d'en bas, le sommet de l'Europe peut sembler "accessible". Mais les habitants vous diront que même les mieux préparés, les plus aguerris, doivent parfois abandonner. C'est ce qui s'est passé pour Le Mans GT, où les portes, le capot, les ailes, le hayon, le pare-brise, la lunette arrière, les phares, les jantes et l'intérieur n'ont été que quelques-unes des complications rencontrées par Sylvand, sans parler du faible taux d'oxygène auquel il a dû faire face, compte tenu de l'altitude élevée et des caprices de la météo alpine. "Construire trois autres hot rods et donner un coup de main aux voitures de mes amis et clients avant de construire la GT m'a beaucoup appris. Il faut apprendre à connaître les matériaux. Pour un projet comme celui-ci, vous devez les choisir avec soin."

S'engager dans une course de montagne, c'est être prêt à en supporter les coûts : physiquement et financièrement. Construire une voiture qui n'existe que sur le papier revient en grande partie au même, avec d'innombrables revirements et obstacles. Il faut tout prendre en compte pour atteindre le sommet. Pour Sylvand, certaines greffes ont fait l'affaire, comme la greffe des portes et des panneaux latéraux (modifiés pour les roues anglaises) d'une Peugeot 404, mais d'autres pièces étaient presque impossibles à se procurer... ou à payer. "Prenez le pare-brise, par exemple, avec sa forme particulière", dit-il. "J'ai demandé un devis, et ils voulaient 12.000 euros ! Quand j'ai commencé mon apprentissage, on m'a dit qu'une voiture devait coûter peu, voire rien du tout. Il était donc hors de question de dépenser une telle somme. " La situation exigeait de la créativité, de la débrouillardise, de l'ouverture et de la curiosité. Pour certaines pièces de la Le Mans GT, Marcel recherche des fournisseurs dans l'industrie nautique ou aéronautique, en France et à l'étranger. Internet devient un outil essentiel, le facilitateur du projet. Le pare-brise a fini par être fabriqué sur mesure en banlieue parisienne, en Lexan de calibre professionnel, mais seulement après que Marcel ait lui-même créé un moule en fibre de verre, envoyé par coursier, qui l'a perdu, pour le retrouver plus tard... Bref, une petite épopée en soi.

Le pare-brise a été particulièrement compliqué, mais pas grand-chose d'autre n'a fini par être simple non plus : le toit et son support arrière, le réservoir d'essence de la Datsun qui a dû être modifié et décalé, le hayon, le pare-brise arrière... Marcel a testé des pièces d'une Peugeot 305 et d'une Porsche, dont aucune ne s'adaptait correctement. "Ma démarche avait toujours été de rester le plus fidèle possible au dessin de Jean Graton. Je ne voulais pas une voiture 'dans le style de', je voulais la voiture conduite par Michel Vaillant." Pour l'arrière de la voiture, il s'est à nouveau heurté à de forts vents contraires. "J'ai dû tout faire moi-même !" dit-il. "Dès le départ, je voulais un style racing pour éviter d'installer des pare-chocs. La voiture n'apparaissant que dans trois volumes, j'avais très peu de références. Finalement, dans l'une des histoires, j'ai découvert qu'elle s'ouvre latéralement, ce qui m'a finalement bien réussi. Merci, M. Graton !"

les détails :
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Marcel admet que certains projets nécessitent des perspectives différentes. Il faut avoir une vue d'ensemble, et c'est parfois plus facile quand on travaille en équipe. Dans ce cas, l'équipe était composée de toute une série de bienfaiteurs : Stan's Custom à Saint-Gervais, Aurélien de Degenève Classics, situé au cœur du domaine skiable, Fiz Auto, un concessionnaire Nissan qui savait encore (correctement) réparer les carburateurs Weber à une époque de surdépendance à l'électronique, une jeune couturière de sa ville natale pour les sièges en similicuir beige, et enfin, sa propre belle-sœur pour la sellerie de la voiture. Marcel a fini par céder et a adopté le monde numérique en créant un compte Facebook pour publier des photos de son ambitieux projet. "Je ne m'attendais pas à autant de réactions. J'ai reçu des encouragements, des félicitations, parfois des conseils, de la part de personnes que je n'avais jamais rencontrées, venant des quatre coins du monde."

Jean Graton, et maintenant son fils Philippe, ont permis à des centaines de milliers de jeunes lecteurs - peut-être même des millions - de devenir des pilotes de course par procuration, ou même pour de vrai. Le pilote de course français Alain Prost avoue que sa carrière est née des histoires de Michel Vaillant. Aujourd'hui, la série compte 70 volumes pour sa première saison, et la deuxième saison est bien engagée avec 10 nouveaux volumes à ce jour. La légende n'a jamais été aussi vivante, une marque française élégante et vivante qui perdure en partie grâce à la Fondation Jean Graton. Quant à Marcel Sylvand, sa propre popularité et ses succès d'ingénieur sont le reflet de sa personnalité, celle d'une personne d'une grande humilité qui ne se préoccupe que des résultats de son travail. "Cette voiture est le genre de projet qu'on ne peut pas rembobiner, démonter et revoir, il faut être perfectionniste à chaque étape et c'est ce que j'aime. Pour moi, il faut que ça marche, car je ne veux pas revenir en arrière et réessayer."

Une fois achevée, l'incroyable et unique Vaillante Le Mans GT a été exposée chez Degenève Classics, un ancien atelier de menuiserie devenu salle d'exposition (et de vente) de voitures de collection. La voiture de sport née d'une bande dessinée est désormais prête à affronter les routes sinueuses de nos montagnes.

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Marcel ne regrette rien : "Cette voiture reste mon projet le plus ambitieux, mais il faut maintenant la faire connaître. Je veux la partager à travers des magazines, peut-être une exposition, mais avant tout, elle doit être sur la route. Je pense que la garder comme une vitrine serait un gaspillage. Une voiture est une voiture, pas un ornement à conserver dans un musée."

Il ne reste donc plus qu'une question : est-elle à vendre ? Les spéculateurs ne doivent pas se renseigner, mais les vrais fans peuvent prendre contact avec Marcel qui, à 66 ans, a déjà une nouvelle aventure en tête...
le lien :
europecomics

Vue en vrai ce weekend, lors d'un concours d'élégance chez moi, à Crans-Montana :-) !
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Re: Vaillante le mans GT, de la BD à la réalité

Message par audipassion » 08 Août 2022, 19:22

Gros taff là dessus par rapport à la base
on improvise..........on domine..........on s'adapte

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porci82
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Re: Vaillante le mans GT, de la BD à la réalité

Message par porci82 » 10 Août 2022, 10:43


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Re: Vaillante le mans GT, de la BD à la réalité

Message par 100_CS_5E » 13 Août 2022, 20:39

Très intéressante cette histoire.
Merci de l’avoir partagée.

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Re: Vaillante le mans GT, de la BD à la réalité

Message par porci82 » 16 Août 2022, 06:54

plaisir!

J'adore ce genre de folie, et pour l'avoir vue de mes yeux, j'en suis encore plus fan!


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